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Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1786, tome 7.djvu/725

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deux jours en été, & leur auge bien lavée, est la cause de cette différence. Lorsque le mâle sort de l’œuf, il est pendant huit ou dix jours plus petit que l’individu femelle éclos dans le même temps que lui ; mais il reprend bientôt le dessus. Ces pigeons, (toutes circonstances égales) n’ont atteint leur plus forte corpulence qu’à la fin de la seconde année.

Si, pour plus richement jouir, vous tenez renfermée cette race rendue esclave, ayez au moins l’attention de tenir leur demeure dans le plus grand état de propreté, les boulins faits en plâtre, en briques, en facilitent bien plus les moyens que ceux construits avec des planches. On nettoye aisément les premiers, on les lave au besoin afin d’empêcher que la vermine ne s’y engendre. Le pigeon qui s’en trouve attaqué, ne prospère pas autant que les autres.

Lorsque les pigeons ont du grain en abondance, ils choisissent & font avec leur bec rouler les vesces ou autres grains sur le plancher. Dès qu’on s’en apperçoit, on ne doit rien leur donner à manger, jusqu’à ce que le besoin les force à rechercher ce qu’ils rejettent mal à propos. Ils n’en vaudront que mieux si un jour on leur donne des vesces, le lendemain du maïs, une autrefois de l’avoine, &c ; cette diversité de mets leur plaît ; & on observera que celui dont ils mangeront le moins, doit être celui qu’on ne leur donnera que de loin en loin. Au surplus, ces petits raffinemens ne sont pas d’une grande nécessité, mais ils concourent à donner plus de force aux pigeons.

Si on s’aperçoit que dans la volière il y ait un mâle ou une femelle surnuméraires, on doit les en exclure. Cependant j’ai vu un mâle servir deux femelles & donner les mêmes soins aux deux pontes séparées. Les besoins de la femelle ont dans ce cas sans doute été plus forts que les sentimens de jalousie ; mais il n’en est pas ainsi lorsqu’un mâle est dépareillé, il met toute la volière en rumeur.

Si on ne récolte pas dans ses possessions les grains nécessaires à la nourriture des pigeons, s’il faut qu’on les achète, la dépense excédera de beaucoup le produit, à moins qu’on ne soit à la proximité d’une ville riche & de grande consommation. Si ces menus grains proviennent des récoltes faites après celles des blés, l’objet n’est plus le même, puisqu’elles sont surnuméraires. On peut alors, sans rien perdre, & même avec bénéfice, faire de telles éducations.

Lorsqu’on ne laisse aucune liberté aux pigeons, on doit au moins placer une cage en fil de fer devant leur demeure & dont la grandeur soit proportionnée au nombre des pigeons ; c’est une volière extérieure, dont la base doit être en planches & dont les côtés, le devant & la partie supérieure sont en grillage. Elle leur sert à aller prendre l’air & à se chauffer au soleil, ce qu’ils aiment beaucoup. Il est inutile que l’ouverture du devant de la volière intérieure soit aussi grande que celle de l’extérieure ; il vaut beaucoup mieux qu’un vitrage les sépare l’une de l’autre, & que la suppression d’un seul carreau de vitre dans le bas, serve à établir la communication de l’une à l’autre. Lorsqu’il fait froid, on ferme ce petit passage au moyen d’une trappe, & les pigeons bravent la rigueur des saisons. Cependant si le froid est assez con-