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s’agit des pins maritime, ou des débris de vieilles couches animales pour les espèces de pins silvestres. Ces engrais demandent à être unis aux terres sablonneuses, à celles des tourbières, afin d’imiter, autant qu’on le peut, le sol dans lequel ces arbres croissent spontanément. Les amateurs n’auront pas toujours à souhait le climat propre ; mais les amateurs songent moins à la grande utilité qu’à l’agrément.

Les jeunes pins craignent beaucoup les coups de vents & les coups de soleil. Il convient & il est même nécessaire de les semer avec d’autres graines plus hâtives à germer & à croître, afin qu’elles les garantissent des uns & des autres.

Les arbres conifères ne supportent pas la transplantation, pour peu que leurs racines soient endommagées & que la terre s’en détache. Il est donc important de les semer dans des pots, de les dépoter ensuite pour être mis en place dès que l’on pense que le pivot est parvenu jusqu’au fond, afin qu’il continue à prendre dans la terre sa direction naturelle. Cette méthode de transplantation est préférable à toutes les autres, puisque, à moins de quelques balourdises de la part de l’ouvrier, l’arbre ne s’aperçoit pas d’avoir changé de place. Si on sème en pleine terre & en pépinière, on n’est plus à temps de transplanter, passé la seconde ou la troisième année au plus, à cause de la difficulté de lever l’arbre avec toute sa terre & toutes ses racines.

Comme l’éducation de ces arbres est, pour ainsi dire, forcée, ils sont très-délicats ; la grande chaleur les fatigue, les coups de vents les tour mentent, le froid les incommode, tandis que dans les forêts, ils bravent les frimats les plus rigoureux. Le cultivateur se conduira donc d’après leurs besoins. La graine lève facilement quand le pot est placé sur couche, mais cette envie de jouir plus promptement augmente son extrême sensibilité.

Dans le Brabant où l’on fait de grands semis de pins maritimes & silvestres, on mêle leurs graines avec celles du genêt-balai : (consultez ce mot) celui-ci dont la végétation est rapide, devient le protecteur des jeunes pins qui, après la troisième ou quatrième année, étouffent tous les genêts.

Si sur une colline, dans un champ, il y a des broussailles, des bruyères, il suffit de gratter un peu la terre aux pieds de ces arbustes, d’y jeter des semences & de les recouvrir tout au plus d’un demi-pouce de terre ; protégées par eux, les pins prendront ensuite le dessus. Si on est privé de ces ressources, on labourera légèrement le champ, on passera ensuite la herse, on sèmera la graine du pin mêlée avec quelqu’autre graine, & on finira par herser. Si la place destinée aux pins est déjà couverte d’herbes, on laissera un sillon de largeur sans les labourer, de manière qu’il y ait autant de terre labourée qu’il en reste qui ne l’est pas ; après avoir semé, on hersera. L’observation apprend que lorsque la graine est trop recouverte, elle ne germe pas.

Que l’on ne soit pas étonné si dans le cours de la première, de la seconde & même de la troisième année, les pins sont à peines visibles ; il est essentiels pour que leur végétation se développe avec force, que leurs