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ces mots) le pin est le meilleur bois pour la conduite souterraine des eaux, pour les corps de pompe, & pour servir d’étais & de charpente dans les mines. Les pins réduits en charbons, sont excellens & sont recherchés dans les fonderies.

Les copeaux de ces bois, & surtout les morceaux qui contiennent le plus de parties résineuses, éclairent comme feroient les chandelles, & ils sont d’une usage familier dans les pays de montagnes. Les provençaux s’en servent comme de brandons & les nomment tada, ancienne dénomination des latins.

M. Duhamel, dont le nom sera toujours cher aux cultivateurs, & la mémoire précieuse à ceux qui ont eu le bonheur d’être de ses amis, a porté la plus grande attention aux objets qui ont quelques rapports à la marine. Il étoit donc naturel qu’il s’occupât des différentes substances que l’on retire du pin. C’est dans les écrits de ce bon citoyen, que je vais puiser les détails ; relatifs à cet objet, ou plutôt, afin de ne rien diminuer de sa gloire, c’est l’auteur qui va parler. Je ne suis donc ici qu’un simple copiste & je ne veux point me parer d’un bien qui ne m’appartient pas.


Manière de retirer le suc résineux du pin, & d’en faire le brai sec & la résine jaune, suivant les pratiques suivies en Canada.

Toutes les espèces de pins, & même tous les pins de la même espèce, ne donnent pas une égale quantité de sucs résineux. Il est d’expérience que certains pins donnent pendant un été, trois pintes de ce suc, tandis que d’autres n’en fournissent pas un demi-setier. On sait que cette différence ne dépend pas de la grosseur ni de l’âge de ces arbres, & qu’on ne peut pas attribuer cela à la nature du terrain, puisque cette différence s’observe également entre les pins d’une même forêt ; mais on a remarqué que les pins qui ont l’aubier fort épais, en fournissoient davantage.

Les sauvages choisissent dans les forêts les pins dont les vers ont entamé l’écorce : ces égratignures occasionnent l’effusion de la résine ; ils en ramassent autant qu’ils en ont besoin ; mais comme elle se trouve chargée d’impuretés, ils la font fondre dans l’eau ; la résine surnage, ils la recueillent, ils la pétrissent & ils la mâchent, par morceaux pour appliquer cette résine grasse sur les coutures de leurs canots ; ensuite ils l’étendent avec un tison allumé. Cette opération, toute simple qu’elle est, suffit pour rendre leurs canots étanches.

Lorsque l’on veut retirer de ces pins une grande quantité de résine, on choisit les arbres qui ont quatre ou cinq pieds de circonférence ; on fait en terre à leur pied, un trou d’environ huit à neuf pouces de profondeur, & qui puisse contenir à peu près deux pintes de cette liqueur. On a soin de bien battre la terre pour la rendre moins perméable à la résine : les trous nouvellement faits, occasionnent néanmoins quelques déchets ; mais le suc résineux qui coule en premier lieu, se mêlant avec la terre, forme un mastic assez dur pour retenir parfaitement la résine qui s’y ramasse ensuite.

Quoi qu’on ait l’attention de bien nettoyer le terrain aux environs des