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fosses ; cependant il se mêle toujours avec la résine, du sable, des feuilles, de petits morceaux de bois, &c. ; nous indiquerons dans la suite par quelle opération la résine se purifie de toutes ces ordures.

Nous remarquerons seulement en passant, que dans quelques pays on fait au pied de l’arbre & dans sa substance même, une entaille assez profonde pour y pratiquer une petite auge, dans laquelle se ramasse une résine beaucoup plus pure que dans les fosses qui se font en terre ; mais comme ces entailles endommagent trop les pins, on doit préférer l’usage des fosses.

Quand les fosses sont bien préparées aux pieds de tous les arbres, peu de temps avant la saison de faire les entailles, c’est-à-dire, vers la fin de mai, on enlève la grosse écorce jusqu’au liber, de la largeur d’environ six pouces. Cette précaution est d’autant plus nécessaire, qu’il faut que les instrumens, dont on se sert pour faire les entailles, soient bien tranchans, afin qu’ils ne laissent sur les plaies, ni copeaux, ni filamens qui arrêteroient la résine & l’empêcheroient de couler facilement dans les fosses ; ou la grosse écorce gâteroit le fil des instrumens ; d’ailleurs il n’est pas possible d’enlever cette première écorce, sans qu’il tombe dans les fosses beaucoup d’ordures qui saliroient la résine, s’il y en avoit déjà de ramassée.

Comme le suc résineux coule plus abondamment dans le temps des grandes chaleurs, on commence, comme nous l’avons déjà dit, à faire les entailles à la fin du mois de mai, & l’on continue de les étendre jusqu’au mois de septembre.

Pour faire ces entailles, après avoir enlevé la grosse écorce, on commence par emporter avec une herminette bien tranchante, l’écorce intérieure, & un petit copeau de bois, de façon que la plaie n’ait que trois pouces en quarré sur un pouce de profondeur ; cette première entaille se fait vers le pied de l’arbre.

Aussi-tôt que cette entaille est faite, le suc résineux commence à suinter en gouttes transparentes qui sortent du corps ligneux & d’entre le bois & l’écorce. Il n’en sort presque point de la substance de l’écorce. On s’est assuré par des expériences, que le suc résineux descendoit des branches vers les racines, & qu’il ne découloit jamais du bas de la plaie. Plus il fait chaud & plus le suc coule avec abondance : il cesse entièrement de couler quand, au mois de septembre, les fraîcheurs se font sentir. Pour faciliter un plus abondant écoulement, on a soin de rafraîchir les entailles tous les quatre ou cinq jours, & même plus souvent. Pour cet effet, on élargit un peu la plaie & l’on emporte à chaque fois un copeau de quelques lignes d’épaisseur ; en sorte que la plaie qui au commencement de l’été n’avoit que trois à quatre pouces de diamètre, se trouve être au commencement de septembre d’un pied & demi de largeur sur deux à trois pouces de profondeur.

L’année suivante, au mois de juin, on ouvre une nouvelle plaie au-dessus de la première, & on la conduit de même, en sorte que les pins qui ont été entaillés pendant douze ou quinze ans, ont douze ou quinze plaies les uns au-dessus des autres, qui ont chacune un pouce & demi de largeur sur «in à deux pouces de profondeur ;