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résineuse est suffisamment cuite, on en retire un peu de la chaudière avec une spatule, & on la verse sur un copeau de bois : si lorsqu’elle est refroidie, elle se réduit en poussière en la pressant entre les doigts, alors elle est suffisamment cuite, il faut la retirer de la chaudière, & la filtrer dans une auge semblable à celle qui avoit servit à la déposer au sortir des fosses, & la poser pareillement sur des tréteaux. On filtre cette résine ainsi cuite, afin de la purifier de toutes les immondices dont elles se trouve encore chargée, malgré toutes les précautions qu’on a u prendre.

Pour faire ce filtre, on place sur les bords de l’auge des barreaux de bois qui forment un grillage, sur lesquels on étend bien proprement de la paille longue, à l’épaisseur de quatre à cinq pouces. On verse sur cette paille le suc résineux qu’on tire de la chaudière avec les cuillers qui servent à remplir les seaux. Cette résine, qui est chaude, coulante, traverse peu-à-peu la paille, dépose sur ce filtre toutes les immondices, & tombe fort nette dans l’ange.

On lui laisse perdre sa grande chaleur, & avant qu’elle soit figée, on la tire dans des seaux, en débouchant le trou qui est au fond de l’auge, & on l’entonne dans des barils, où elle achève de se refroidir & de se figer, c’est-là ce que l’on appelle le brai sec. Cette substance est dure, brune & cassante, & on l’emploie pour le carénage des vaisseaux, & à faire le brai gras.

Le suc résineux du pin, épaissi par la cuisson, sert à faire une matière à peu près semblable au brai sec, que dans les ports on appelle résine. Pour y parvenir, lorsque le suc résineux est cuit & filtré, & avant qu’il soit refroidi, on verse dans l’ange où l’on a déposé au sortir de la chaudière, une huitième partie d’eau froide, c’est-à-dire, un seau d’eau sur huit seaux de résine. Cette eau froide agit si vivement sur le brai sec, qui est fort chaud, que le tout ensemble bout pendant une heure ou deux ; & ce brai, de brun qu’il étoit, devient d’un beau jaune.

On a soin, pendant l’ébullition, de remuer continuellement la matière avec une spatule ; & avant que la résine soit figée, on l’entonne dans des barils ou elle se durcit comme le brai sec. En cet état elle change de couleur & de nom, on l’appelle résine ; fondue avec de l’huile, elle sert à faire une sorte de vernis, dont on enduit les mâts & les hauts des vaisseaux.

Les bois de pins qui ont fourni pendant 12 ou 15 ans leur résine, ne sont pas moins estimés dans le Canada pour toutes sortes d’ouvrages, & les ouvriers qui travaillent le goudron, prétendent que les racines de ces arbres en fournissent une plus grande quantité que celles des arbres qui n’ont point été entamés.


Manière de retirer le galipot, la térébenthine, son huile, le brai sec & la résine, suivant la méthode qui se pratique dans les environs de Bordeaux.

Le galipot. Lorsque les pins ont acquis quatre pieds de circonférence, on fait au pied & tout