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Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1786, tome 7.djvu/747

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près des racines, une entaille de trois pouces de largeur & de sept à huit pouces de hauteur, de la même manière expliquée ci-dessus. À la huitième année, pendant que la huitième entaille donne du suc résineux, on recommence une nouvelle entaille au pied de l’arbre, & dans une ligne parallèle aux premières ; dans le temps que cette nouvelle incision fournit du suc résineux, l’ancienne se cicatrise, en sorte qu’on peut faire ainsi plusieurs fois le tour de l’arbre, parce qu’on forme dans la suite de nouvelles entailles sur les cicatrices mêmes, surtout quand celui qui est chargé de faire les entailles, fait ménager l’arbre autant qu’il est possible, en n’enlevant que des copeaux très minces toutes les fois qu’il rafraîchit les plaies, car le suc coule toujours plus abondamment des plaies récentes que des anciennes ; d’ailleurs, le plus mince copeau suffit pour donner la liberté au suc résineux de couler. Ce travail exige de l’activité, car la tâche d’un homme est ordinairement de 2500 à 1800 pieds d’arbres, éloignés les uns des autres de 11 à 15 pieds, & ce travail devient beaucoup plus pénible lorsque les entailles sont au-dessus de la portée de la hache. Le suc qui coule est appelé galipot ; on peut le regarder comme une espèce de térébenthine du pin.

Le suc qui sort des arbres depuis le mois de septembre jusqu’en mai, se fige le long de la plaie, où il forme une croûte semblable à du suif ou à de la cire, qui se seroit refroidie brusquement. On détache cette croûte avec un instrument en forme de râtissoire, emmanché au bout d’un bâton. Cette résine épaisse se nomme ! baras. On mêle le baras avec le galipot pour faire du brai sec ou de la résine.

Outre ces incisions, il sort naturellement de l’écorce des pins, des gouttes de résine, qui se dessèchent & forment des grains que l’on emploie au lieu d’encens dans les églises de campagne, & que les marchands de mauvaise foi mêlent avec l’encens du Levant. Cette espèce d’encens annonce le dépérissement de l’arbre.

Pour faire le brai sec, on cuit le galipot & le baras dans de grandes chaudières de cuivre, dont les rebords sont renversés de deux à trois pouces ; elles sont montées sur des fourneaux de briques.

Lorsque le suc résineux, a pris une cuisson convenable, on le filtre à travers de la paille, ainsi qu’il a été dit, ensuite on le coule dans des moules creusés dans le sable.

Pour faire la résine, on a soin de pratiquer au bord de la chaudière une gouttière de six ou huit pouces de longueur ; on établit sous cette gouttière une toste, ou auge creusée dans un tronc de sapin. L’ouvrier verse peu à peu de cette eau dans la chaudière où le suc résineux a été fondu, cette matière se gonfle & une partie découle par la gouttière dans l’auge. L’ouvrier prend continuellement la résine qui tombe dans la toste, & la remet dans la chaudière. Il brasse & mêle bien le tout, en sorte que la résine qui se mêle continuellement avec l’eau, change de couleur. Si l’on a soin d’entretenir un feu égal, & de ne pas interrompre cette circulation de la toste à la chaudière, la résine de-