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sirop épais qu’on appelle térébenthine du soleil, ou térébenthine fine, qui cependant ne mérite cette distinction que par comparaison à celle qu’on nomme térébenthine de chaudière, qui n’est faite qu’avec le galipot simplement fondu dans la chaudière où l’on cuit le brai sec & la résine.

Cette dernière térébenthine est opaque, plus épaisse que l’autre, & elle a plus de disposition à se dessécher, non-seulement parce qu’elle est plus chargée de baras, mais encore parce que l’action du feu lui fait perdre une partie de son huile essentielle. (Consultez ce mot) Ce qui reste dans l’auge de bois, & dans la chaudière, peut être cuit & converti en brai sec ou en résine ; mais on prétend que ces substances sont alors d’une qualité inférieure. Cette raison, & le peu de mérite qu’a la térébenthine de pin, fait qu’on n’en retire guère, & qu’on est dans l’usage de cuire tout le galipot. Il y en a qui mettent fondre ensemble le baras & le galipot. Cette matière qui n’est point fluide, reste grasse, & ils la vendent en barril sous le nom de poix grasse.

Si on veut retirer l’essence de térébenthine, on distille le galipot avec de l’eau, & on trouve dans la cucurbite une résine un peu différente de celle qu’on a cuite dans la chaudière ; on la mêle ordinairement avec le galipot & le baras, pour vendre le tout ensemble & en former des pains.

De la façon de retirer différentes substances du pin, suivant les pratiques de Provence.

Elles diffèrent peu de celles qui sont usitées dans les environs de Bordeaux ; le détail qu’on va en donner servira à mieux faire comprendre ce qui a été dit ci-dessus.

1°. On commence à entailler les pins à l’âge de vingt ans, quand ils ont à peu près deux ou trois pieds de circonférence.

2°. On ne tire point de résine du pin pinier, mais seulement du pin blanc, ou pin maritime.

3°. Les pins qui croissent dans les terrains substantiels, fournissent plus de résine que ceux qui croissent dans les pays arides. Il en découle davantage dans les années pluvieuses ; mais aussi le temps des pluies est fort incommode pour le travail des substances résineuses ; enfin les jeunes pins donnent de la résine aussi-bien que les vieux, mais ils durent moins long-temps.

4°. Un pin de bon âge & bien ménagé, fournit de la résine pendant 15 à 10 ans.

5°. On fait des entailles de quatre pouces de largeur, on les rafraîchit tous les quinze jours en ôtant un copeau d’une ligne d’épaisseur, & on étend la longueur de la plaie, de sorte qu’ordinairement on alonge tous les ans l’entaille d’un pied, & l’on cesse quand elle a cinq pieds de hauteur ; après quoi on en ouvre une nouvelle à côté de celle-là. On n’a pas communément égard à l’exposition pour faire ces entailles.

6°. La résine coule toute liquide dans le temps de la force de la séve ; elle ne commence à s’épaissir qu’en août, en automne, & en hiver elle se rassemble sur la plaie, où elle forme une espèce de croûte. Celle qui est coulante se nomme périne vierge.