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Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1786, tome 7.djvu/766

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jamais plus embarrassés que lorsqu’ils sont forcés de prendre seuls un parti, même pour l’affaire la plus légère, ou encore plus, lorsqu’une mauvaise gestion du maître, ou un caractère turbulent, les mène à une dissolution de la société. Lent, mais patient au travail, avide du nécessaire, jamais du superflu, superstitieux, craintif à l’excès, tremblant au seul mot d’autorité, singulièrement désintéressé, reconnoissant, serviable, on le voit aussi, lorsqu’il est rebuté, roide, farouche, intraitable, courir à sa ruine avec un sang-froid & un entêtement dont les meilleurs raisonnemens ont très-souvent bien de la peine à le détourner. On leur doit néanmoins la justice de dire qu’on n’entend jamais parler parmi eux de ces vices qui déshonorent l’humanité, & que les désordres & la licence du dix-huitième siècle ne sont pas encore parvenus jusqu’à eux ; mais aussi ne doit-on pas croire que cette réunion ait jamais pu être un effet de leur peu de désir de la liberté, il paroît bien plutôt qu’elle a été un effet de la politique & de la nécessité, parce que dans un pays montagneux, souvent difficile, quelquefois escarpé, l’exploitation des fonds exige des secours continuels, & qu’il est bien rare qu’un homme puisse travailler seul.


PINTADE ou PEINTADE. Dénomination qu’elle mérite mieux que la première, attendu que son plumage semble peint & tacheté de marques noires & blanches. On la nomme encore Poule de Numidie, Poule de Guinée. C’est la numida meleagris. Lin.

Je n’ai jamais élevé de pintades, je suis obligé de copier ce qui a été dit : elle est de la grosseur d’une poule ; ses ailes étant pliées, s’étendent à un pouce au-delà de l’origine de la queue. La tête n’est pas couverte de plumes, il y a seulement, à l’origine du bec de quelques individus de cette espèce, un petit bouquet composé de poils roides, assez semblables a des soies de cochon. La pintade a sur le front une espèce de corne conique, courbée en arrière & couverte d’une peau de couleur fauve, brune & rougeâtre. Elle a aussi des membranes charnues d’un très-beau rouge, qui pendent à côté de l’ouverture du bec ; les joues sont bleuâtres dans le mâle & rouges dans la femelle. La partie supérieure du col est couverte de plumes noires, semblables à des poils ; la partie inférieure a une couleur cendrée tirant sur le violet ; les plumes du dos, du croupion, les petites des ailes, celles du dessus de la queue, de la poitrine, du ventre, des côtés du corps sont noires, & ont des taches blanches, rondes & symétriques ; le tour de ces taches est purement noir & le reste de la plume est d’un noir mêlé de cendré. Les taches du dos sont plus petites que celles des autres parties du corps, & il n’y a pas de couleur cendrée sur les plumes de toute la face inférieure de l’oiseau. Les grandes plumes des ailes sont noirâtres & ont des taches blanches. La queue est arrondie comme celle des perdrix, & de couleur grise ; elle a des taches blanches, rondes & entourées de noir ; elle porte sa queue recourbée comme la perdrix, ce qui fait paroisse bossu le dos de l’oiseau. Son bec est rouge