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Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1786, tome 7.djvu/765

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matin, au poste qui lui est assigné. S’il y a des malades, des infirmes, l’ouvrage général est en retard le moins possible, & ceux-ci sont soignés autant que les connoissances & les facultés de gens naturellement grossiers peuvent le permettre.

Parmi les communautés, quelques-unes sont, pour ainsi dire, sorties de leur sphère, en employant leurs économies à faire des acquisitions, non pas d’héritages détachés, mais de domaines entiers qu’elles administrent par des colons & métayers, & il y en a telle qui, composée de 40 à 50 membres, compte 10, 12, 15 domaines dans les possessions. Entre les plus célèbres en ce genre, on distingue les Pericoux, de Noailhat, les Pinons, de Thiers, les Beaujeu, de Celle, les Bourgades & les Dunos, de Voloce, les Tarenteix, du Mouthier de Thiers ; ces derniers ont sur tous les autres l’avantage d’avoir la communauté la plus nombreuse & la plus rapprochée de son origine ; elle s’est, ainsi que les autres, agrandie, mais c’est par des successions, elle n’a fait qu’une seule acquisition.

On sent aisément que le régime de ces sociétés, doit être fondé sur l’union ; comme les mœurs de ces bonnes gens sont fort simples, & que d’ailleurs, ils sont continuellement occupés, il est rare qu’il y ait de la mésintelligence, cependant ils n’en sont pas à l’abri ; mais presque toujours l’intérêt commun, la médiation des anciens ou des parens & voisins, appaiseroit ces discordes naissantes ; si ces moyens sont insuffisans, alors s’en suit nécessairement la ruine de la société. On commence par un partage, qui entraînant souvent des sous-divisions, réduit alors chaque co-partageant à un état isolé, dans lequel, plus dénué de ressources, que s’il n’avoit jamais eu d’appui, il se trouve, bien peu de temps après, forcé de vendre pièce à pièce tout son lot, & finit misérablement ses jours en laissant une famille ruinée.

C’est ordinairement sur les fondemens d’une pareille société qui s’épuise, que se forment les nouvelles maisons dont les chefs sortent de la classe des journaliers, ou métayers & domestiques, qui ayant ramassé quelque argent au service de leurs maîtres, sont le plus souvent les premiers acquéreurs qui se présentent lors d’une décadence.

Quoique nous avions rapidement tracé ce tableau, il s’en faut bien cependant que les événemens se succèdent avec autant de vivacité, si ce n’est dans le dernier période. Un siècle s’écoule avant qu’une société se divise, qu’une portion languisse & arrive enfin à sa destruction ; quelquefois même une réunion momentanée ou durable les rejoint à la tige principale, & retarde ou prévient la chute de celle-ci.

Il seroit assez difficile de donner une idée générale du caractère essentiel des hommes de cette contrée, qui sont d’autant moins civilisés, que leur occupation dans la communauté les éloigne plus de la ville avec laquelle il n’y a guères que les maîtres qui soient nécessités de commercer. Les autres en général présentent la nature presque toute brute : accoutumés dès l’enfance à se voir commander, tous contractent de bonne heure un goût si décidé pour obéir, qu’ils ne sont