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terre, mais elle diminue la force d’une terre médiocre.

Si l’on a peu de bonne terre, & qu’on puisse y suppléer par de la terre médiocre, il vaut mieux ne les point mêler, que de n’en faire qu’une qualité un peu meilleure que la médiocre. Mais il faut employer la bonne pure dans les cours inférieures des bauchées, & tâcher de la distribuer également dans tout le bas du pourtour de l’édifice, par la ration que non-seulement la charge s’y fait plus violemment sentir ; mais encore, parce que les eaux pluviales y atteignent plus abondamment que dans les parties plus élevées.

Le nombre d’ouvriers nécessaires à un moule de 9 à 12 pieds, est ordinairement fixé à six ; trois batteurs ou piseurs, deux porteurs de terre, & un terrassier pour la piocher & en faire les charges. Si l’on prend sa terre au-delà de douze à quinze toises, deux porteurs ne suffiront pas pour le service de trois piseurs ; on supprime alors un piseur, ou l’on emploie un troisième porteur. On se sert, pour le transport de la terre, d’une corbeille plus propre que la hotte & l’oiseau, au déchargement dans le moule.


Du temps propre à former le pisé.

Le temps le plus favorable à la construction des murs en pisé, commence à la fin de mars & finit au mois d’août ; il faut en excepter les jours pluvieux, qui rendent cette opération absolument impraticable, parce que la terre détrempée ne sauroit prendre la consistance nécessaire, & les pans nouvellement achevés, lorsque la pluie survient, ne peuvent sécher assez promptement pour être en état de recevoir une seconde asisse ; mais un beau jour, ou une belle nuit suffit pour tout réparer. Les grandes chaleurs de l’été préjudicient également à ces constructions par un prompt desséchement, & par les fentes & lézardes qu’elles occasionnent. L’automne, à cause de son humidité, n’est guères moins nuisible à ce genre de travail ; cependant si cette saison commençoit, & qu’elle donnât de beaux jours, on pourroit espérer un ouvrage solide ; mais on conçoit qu’il seroit imprudent de travailler en pisé vers la fin de cette saison, parce que les gelées y sont entièrement contraires. Ces assertions doivent varier suivant les climats ; chacun doit connoître celui qu’il habite, & régler son travail en conséquence.


Description du moule & des outils propres à faire le pisé.

Le moule dont on se sert pour la construction des murs en pisé, est composé de quatre panneaux, dont deux grands & deux petits. Le grand panneau appelé banche A, est un assemblage simple de planches bien jointes, entretenues par quatre planches ou parefeuilles B, posées & clouées en travers sur un même côté ; deux de ces parefeuilles aux extrémités ; & les deux autres entre deux, à distances égales entre elles ; le petit panneau appelé closoir, ou trapon C, est fait d’une seule planche ; la longueur des banches est de neuf pieds, leur largeur ou hauteur, de deux pieds six pouces. Le closoir a aussi deux pieds six pouces de hauteur, sa largeur se règle sur