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sa mentonnière ; D représente deux filets de même nature que les pétales & de même couleur. Le pistil B est pour l’ordinaire composé de quatre stiles & d’autant de stigmates ; les étamines C sont en grand nombre portées sur le placenta, recourbées à leur sommet, & elles enveloppent le pistil.

Fruit H, espèce de capsule représentée ouverte en I, qui renferme plusieurs graines angulaires K, noires & chagrinées.

Feuilles grandes, en général, à cinq lobes, profondément découpées, divisées & subdivisées en plusieurs parties étroites & nerveuses.

Racine A, fibreuse, en forme de navet.

Port. Tiges droites, hautes de quatre à cinq pieds, sur lesquelles les feuilles sont alternativement placées ou sans ordre ; les fleurs bleues, mais d’un bleu triste, sont disposées au sommet en un long épi.

Lieu. Les montagnes alpines & subalpines, où il fleurit en juin & juillet ; la plante est vivace.

Propriétés. Toute la plante a une odeur virulente, & une saveur âcre ; la racine est la partie la plus dangereuse ; elle a été reconnue de tous les temps pour un poison très-actif, pour un corrosif, &c. &c. il est donc très-imprudent d’en faire aucun usage. Quelques auteurs ont conseillé l’extrait de napel afin d’augmenter la transpiration. Pourquoi recourir à un remède si dangereux, lorsqu’on peut choisir parmi un très-grand nombre dont l’usage n’est jamais accompagné d’accidens ! On peut tout au plus employer sa racine, mêlée avec des appas, pour détruire les souris, les loups & autres animaux voraces.

Cette plante est pittoresque dans un jardin, malgré le vert sombre de ses fleurs ; elle y résiste à toutes les intempéries des saisons, y vient sans soin, sans culture. Cependant si j’avois une semblable plante dans le mien, elle seroit bientôt détruite ; un enfant, un homme, qui ne connoissent pas ses propriétés, peuvent cueillir son épi de fleur, le porter à la bouche, & s’empoisonner : &c. son attouchement seul, long-temps continué, causent, selon plusieurs auteurs, un engourdissement à la main, au bras, une stupeur à la tête, &c.

Si on fait fermenter cette plante avec ses feuilles, fleurs & racines, elle perd entièrement sa virulence & sa qualité vénéneuse. Alors les gens de l’art, accoutumés à bien voir, à bien observer, devroient faire des expériences afin de constater les avantages qu’on pourroit en retirer. J’oserois presque avancer que la fermentation seule est capable de détruire le vénéneux de toutes les plantes âcres & narcotiques ; j’en ai l’exemple pour un assez bon nombre.


NARCISSE. Tournefort le place dans la seconde section de la neuvième classe, & l’appelle narcissus', von-Linné lui conserve la même dénomination, & le classe dans l’hexandrie monogynie. On en compte un grand nombre d’espèces ou de variétés, cultivées dans les jardins. Von-Linné admet quatorze espèces botaniques ; les hollandois portent à trente le nombre des espèces de narcisses, ou variétés, dont la couleur est le jaune foncé ; à dix, en couleur orangée ; à plus de quarante, les narcisses blancs à calice orangé ; à huit ou dix, les blancs à calice