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commun de sa surface, & de celle de la banche ; le batteur tiendra le manche incliné vers la banche opposée : quand il a ainsi bordé de coups cette couche, il en use de même contre l’autre banche, porte ensuite ses coups en travers, observant que le tranchant du pison soit parallèle au closoir. Le piseur bat une seconde fois la même couche, & redouble les coups dans le même ordre. Si la terre est mêlée de beaucoup de graviers, il faut augmenter le nombre des coups d’un quart en sus, ou environ, & les donner avec plus de force, autrement le gravier soutenant le coup du pison, la terre n’en seroit pas suffisamment comprimée.

Le second piseur en fait autant de la seconde charge, & le troisième en use de même pour la troisième ; chacun d’eux pise la terre incontinent après qu’elle a été versée, ils ne s’attendent point pour commencer & finir en même-temps une couche ; il en résulte que le premier piseur commence une nouvelle couche, pendant que le second achève une partie de la précédente, & que le troisième piseur finit l’antépénultième.

Les trois premiers batteurs, ou piseurs, occupant, chacun un tiers du moule, s’accordent entre eux pour aller en même-temps en avant & en arrière, sans s’incommoder, ou le moins qu’il est possible. On observera de ne jamais admettre de nouvelle terre dans le moule, qu’elle n’ait été suffisamment pisée ; c’est-à-dire, qu’elle l’ait été au point qu’un coup de pison marque à peine le lieu sur lequel il porte.

Les trois premières couches étant battues, les porteurs accumulent dans le moule la même quantité pour la seconde couche, sur laquelle les piseurs opèrent comme sur la première, ce qui se pratique de même de couche en couche, jusqu’à ce que l’on ait rempli & arrasé le moule.

Quand le moule est plein, le pan est fait ; c’est ce qu’on appelle une banchée, & sans attendre qu’elle soit autrement raffermie, on démonte le moule que l’on emploie tout de suite à former une autre banchée. Si cependant un pan demeure revêtu de son moule pendant une nuit, ou une journée ; il en acquiert plus de confiance, parce que l’eau qu’il contient s’évapore plus insensiblement, comme nous l’avons observé pour sa condensation ; mais cette pratique n’est d’usage que pour la dernière bachée de la journée, parce que, si on en usoit autrement, l’ouvrage traîneroit trop en longueur.

Pour démonter le moule, il faut renverser l’ordre que l’on a suivi en le montant, c’est-à-dire, commencer cette seconde opération par où l’on a fini la première. Les porteurs & les piseurs s'aident mutuellement, & voici comment ils s’y prennent : un manœuvre placé sur le pisé, retient les banches par les manettes, afin qu’elles ne renversent pas ; d’autres en même temps détachent les cordes, & ôtent les aiguilles ; ensuite ayant placé trois autres lançonniers dans les boulins suivans, (ce qui démontre la nécessité d’en avoir sept & plus, quoiqu’il n’y en ait ordinairement que quatre ou cinq de service) le piseur placé sur le mur tire à lui une banche par la manette, en la