Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1786, tome 7.djvu/782

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que nous exposerons dans la suite.

Ces banchées ne diffèrent entr’elles que par l’inclinaison de leurs joints dont elles se recouvrent successivement ; la main-d’œuvre est la même que celle des banchées à angles droits, la première de ces banchées aura un côté droit, ou parce qu’elle forme un angle, ou parce qu’elle est attenante à un pied droit, & l’autre flanc sera incliné en talus d’un pied & demi de base sur deux & demi de hauteur, mesure commune de l’inclinaison de tous les joints suivans.

Ce talus est formé par les retraites que l’on donne à chaque couche de la banchée, & quand la dernière couche a été battue, l’on enlève de dessus ce talus, avec la truelle, toute la terre qui ne fait pas corps avec lui, & on bat ensuite ce talus de bas en haut par des coups portés obliquement. Cela fait, on démonte le moule que l’on rétablit à côté pour former une abachée attenante à la première, laissant en place les deux lançonniers les plus voisins de la banchée qu’on va commencer, pour faire embrasser par les banches le talus de la banchée précédente, & après lui avoir donné cette disposition on opère pour la formation de la nouvelle banchée, comme pour la première, avec cette différence que ses couches s’avancent d’autant sur le talus de la banchée qui précède, qu’elles sont retraite au joint de la banchée qui doit suivre.

Ainsi, le talus de la banchée qui précède, est entièrement recouvert par l’inclinaison de la banchée qui suit ; ce qui s’observe de l’une à l’autre dans la même assise. Dans une seconde assise, on donne aux banchées une inclinaison opposée à celle de la première ; mais il faut observer également de faire couvrir les joints de la première assise par les banchées de la seconde, & les joints de celle-ci par les banchées de la troisième, & de suite : on se passe ordinairement des closoirs ; la banchée qui précède, tient lieu d’un, le talus de celui que l’on forme, n’en a pas besoin, une pierre suffit pour soutenir les premières couches, & les autres à cause de leur retraite, n’en exigent point. Pendant la construction de ces banchées, on borde d’une moraine de mortier les joints inclinés, comme on en a usé pour les joints droits.

La façon des murs à joints droits, seroit plus expéditive que celle des murs à joints inclinés, si on se servoit des mêmes banches, parce que, dans la première, il faut transposer moins fréquemment le moule que dans la seconde ; l’usage des banches plus longues, offre le même avantage ; mais elles donnent plus d’embarras.

La solidité des murs à joints inclinés est beaucoup plus grande que celle des murs à joints droits ; lorsque la terre est médiocre, l’inclinaison des joints rend la liaison plus intime ; les banchées en se recouvrant successivement par leurs joints inclinés, sont d’autant plus adhérentes, que le pison & la pesanteur de la matière concourent à les unir fortement.

Ces joints sont tellement serrés, qu’ils ne laissent aucun vide par où l’on puisse voir le jour à travers ; toute l’assise semble ne former qu’une même banchée. Il n’en est pas ainsi des banches à joints droits, quelques