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ner l’écoulement des eaux sur le fond du propriétaire, si le mur est à lui seul ; lorsque le mur est mitoyen, on le rehausse au milieu de l’épaisseur du mur pour verser les eaux également de chaque côté. Cette maçonnerie est recouverte de tuiles creuses ou plates qui débordent le mur de quatre à cinq pouces de chaque côté pour jeter l’eau loin du pied du mur : on charge les tuiles creuses de pierres ou de cailloux, pour que les vents ne puissent les déranger : dans le second cas, lorsqu’on veut le recouvrir d’un chaperon de maçonnerie, il faut placer dessous un filet de deux rangs de tuiles plates, formant une saillie de quatre à cinq pouces pour le même effet, & avoir soin que le rang de dessus recouvre les joints de celui qui se trouve immédiatement dessous.


De l’enduit du pisé & du crépi appelé rustiquage.

Le pisé peut bien, il est vrai, subsister sans un enduit de mortier ; mais l’employer, c’est prolonger la durée de ces clôtures ; en les garantissant de la pluie & de l’humidité, cet enduit leur donne en outre un air de propreté dont cette construction a plus besoin qu’aucune autre.

Il faut attendre pour l’enduire, que le mur ait perdu toute son humidité naturelle qui ressemble, à bien des égards, à l’eau des carrières dont certaines pierres sont imprégnées, quand la gelée les surprend dans cet état, toute la partie de leur épaisseur qu’elle a pénétrée, tombe en poussière après le dégel.

Mais ce n’est pas la seule raison du retardement présent par rapport à l’enduit des murs en pisé ; nous avons dit que tout pisé perdoit de ses premières dimensions en tout sens en perdant de son humidité ; or, l’enduit qui seroit sec avant que cet effet fut entièrement fini, & qui dès-lors ne seroit plus capable de se retirer sur soi-même comme le pisé, se détacheroit infailliblement & tomberoit en pure perte.

Pour qu’il soit bien desséché, il faut qu’il ait reçu les impressions de la chaleur d’un été & le froid d’un hiver ; il seroit mieux d’attendre deux années pour être plus assuré de sa parfaite dessiccation, ce temps expire, le mur est plus ou moins sillonné par de légères fentes, suivant la bonté de la terre ; s’il l’étoit beaucoup, on jetteroit un premier enduit dans ces sillons pour les combler.

On peut enduire ces murs à la manière accoutumée ; mais nous prévenons que le crépi vaut infiniment mieux, il diffère de l’enduit, en ce qu’il est plus clair, & qu’il se jette avec un petit balai, sans passer la truelle dessus. Il est plus durable, plus économique, & tient sur le pisé sans qu’il soit nécessaire d’en piquer la surface.

Ce crépi, appelé par les maçons rustiquage, se fait avec un mortier de chaux & de sable extrêmement clair. Pour cet effet on le détrempe dans des baquets, jusqu’à ce qu’il soit comme de la bouillie ; on le prend alors, & on le jette contre le mur avec un balai ou un goupillon ; c’est par la crête que l’on commence en suivant de haut en bas, sur une longueur de cinq à six pieds, dans la largeur d’environ un pied ; l’on répète cette opération