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jusqu’à ce que le mur en soit couvert.

Ce rustiquage n’est point uni, il ressemble à la pierre brute. L’on n’y emploie pas la moitié du mortier dont il seroit besoin pour un enduit ordinaire ; il n’en a pas la propreté, mais il en est plus durable, ce que l’on ne sauroit attribuer qu’à sa liquidité, qui lui fait pénétrer la face du mur avec laquelle il s’incorpore ; il coûte moitié moins que l’autre, ce qui devient pour celui-ci un second motif de préférence. Son usage est particulièrement convenable aux murs de clôture.


Prix du pisé.

Le prix du pisé varie suivant la nature de la terre, le transport qu’il en faut faire, & suivant le prix des journées.

Les six ouvriers nécessaires à la construction du pisé, lorsque le transport n’a pas plus de quinze toises, peuvent faire chaque jour trois toises quarrées de roi. Si les journées sont à trente sous par piseur, & à vingt par porteurs, il reviendra à deux livres & dix sols la toise. Dans les environs de Lyon, le prix est de deux à trois livres de façon. On emploie pour trente sous de mortier à la formation des moraines. Le rustiquage se paie quinze sous la toise quarrée de chaque face, fournitures & façon ; de sorte que les murs en pisé aux environs de Lyon, coûtent de cinq à six livres la toise quarrée de roi, sans y comprendre les fondations ni le couvert en tuiles.


De la conduite du pisé pour la construction d’une maison.

Le pisé pour la construction d’un bâtiment, se fait comme pour un mur de clôture ; mais comme il porte les planchers, les cheminées, les toits, &c. & qu’il est découpé par les ouvertures des portes & fenêtres, il faut beaucoup plus de précaution pour le construire.

Les banchées se font comme nous l’avons expliqué, excepté qu’on place dans chacune une planche de sapin appelée liernes, & lorsque la terre n’est pas d’une excellente qualité, on met encore quatre bouts de planches, appelées parpines, en travers de la banchée. On place ces planches de la manière suivante : lorsque la banchée est à un quart de sa hauteur, deux parpines sont posées de manière qu’elles divisent sa longueur de la banchée en trois parties égales : lorsque la banchée est parvenue à la moitié de sa hauteur, on pose en long la planche appelée liernes au milieu de la largeur de la banchée, & aux trois quarts de sa hauteur, on place les deux autres parpines. Ces parpines & liernes sont autant de planches communes de neuf à dix pouces de largeur & de huit à neuf lignes d'épaisseur ; elles sont mises simplement dans la terre avec la seule précaution qu’elles portent sur toute leur étendue.

L’on ne passera point d’une assise de banchées à celle qui doit être établie sur cette première, qu’on n’ait fait régner celle-ci tout autour du bâtiment, & même sur les principaux murs de refend ; on fait chevaucher alternativement les banchées des murs de refend avec celles