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que dans le second & quatrième &c. les plantes se trouvent espacées d’un bon pied, & le sillon vide sert de chemin par où passe l’ouvrier qui va chausser les pois au besoin, ou en faire la récolte quand ils sont verts.

Un enfant ou une femme suivent l’homme qui bêche ; ils ouvrent avec la main dans le terrain travaillé à la bêche une petite fosse de deux pouces de profondeur, dans laquelle ils jettent deux à trois pois qu’ils recouvrent avec la même terre ; ils observent encore que les fosses du second sillon soient disposées en quinconce relativement à celles du quatrième, sixième, &c. Il en résulte que les plantes ont beaucoup plus d’air & qu’elles en profitent mieux, car les pois n’aiment pas à être étouffés ; aussi plusieurs bons cultivateurs ne les sèment dans les petites fosses qu’à dix-huit pouces les unes des autres, sur la longueur du sillon ; & ce dernier parti est fort avantageux.

Lorsque les plantes ont quatre à six feuilles, on sarcle rigoureusement & on les chausse ; opération qui se répète jusqu’à trois fois, & ce travail est toujours utile.

Si le pays procure abondamment de rames & à bon marché, il convient de ramer les pois du champ entier ; si le bois est rare & cher, on se contente de planter un petit échalas dans chaque fosse, contre lequel on attache doucement les tiges avec de la paille de seigle ; si le bois est très-rare & très-cher, on s’en passe & on ne sème alors que les espèces dont les tiges s’élèvent le moins, & au second petit labour, on les entrelasse les unes dans les autres afin qu’elles se soutiennent aussi droites qu’il leur est possible.

Quant à l’époque des semailles de ces pois, on l’a indiquée plus haut, mais d’une manière générale, ayant pris le terme moyen du climat de Paris pour guide ; mais on sent qu’elle dépend de la saison & du climat que l’on habite. Ainsi, dans les provinces méridionales, on doit se hâter de semer, même en courant le risque de perdre la semence par quelque froid tardif pour le pays ; il vaut mieux resemer de nouveau. Comme la chaleur d’avril y est déjà très-forte, & comme les pluies commencent à y devenir rares dans cette saison, les pois germeroient, mais ils fleuriroient & irriteroient très-mal. Ce légume aime une chaleur douce, tempérée, & une terre légèrement humide, effets très-rares pour peu que la saison soit avancée.

Ce n’est que dans les alentours des villes que l’on récolte les pois en vert pour les porter au marché, ou tout au plus pour la consommation de la métairie. La vraie récolte est celle des pois secs. Elle s’annonce par la dessiccation de la tige. Alors on l’arrache de terre, on la transporte sous des hangars éloignés ou interdits aux poules & aux pigeons où elle achève de sécher. Parvenue au point nécessaire, des enfans en détachent les cosses, les ouvrent, & jettent les pois dans des paniers. Cette méthode n’est pas bien expéditive, mais elle conserve les feuilles sur les tiges qui deviennent un fourrage excellent pour toute espèce d’animaux. Si la récolte est abondante, on bat les tiges comme les gerbes de blé. Rien n’est perdu, à la