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certaine hauteur. C’est pour les faire jouir des effets météoriques, que l’on ne donne pas une plus grande largeur aux planches, & les jardiniers intelligens intercalent leurs planches, c’est-à-dire qu’ils sèment une planche en pois, la suivante est remplie d’autres légumes, la troisième en pois & ainsi de suite. Cette méthode n’est pas à négliger.

Chaque espèce de pois demande à être rigoureusement sarclée suivant le besoin, & la plante souvent rechaussée. Lorsqu’on arrose par irrigation, (consultez ce mot) ainsi qu’on le pratique dans nos provinces méridionales, ce travail devient plus indispensable, parce que chaque arrosement resserre la terre & déchausse la plante ; alors on est obligé de retourner l’ados, & ce travail produit le plus grand effet sur les plantes.

Si on laisse les tiges dès qu’elles ont quatre ou six feuilles, sans les soutenir, elles s’inclinent contre terre, les vents les couchent & les renversent. La prudence exige donc qu’on leur donne des tuteurs nommés rames du mot rameau. Ce sont des branches sèches garnies de leurs rameaux, on les fiche en terre à une certaine profondeur, afin que les vents ne les dérangent point. Les rames des deux rangs intérieurs sont placées droites, & celle de chaque côté extérieur est inclinée contre celles du dedans. Si les plantes ne s’attachent pas d’elles-mêmes par leurs vrilles aux rames, on doit avoir grand soin de les y disposer, parce que les plantes voisines gagneront les paresseuses de vitesse & les étoufferont si on n’y remédie.

Les arrosages doivent être donnés au besoin ; ils contribuent beaucoup à rendre les pois plus tendres & plus délicats.

On récolte les pois en vert & en sec. On écosse les premiers quand ils sont tendres, & on laisse les autres mûrir sur la tige que l’on arrache de terre lorsqu’elle est sèche.

Les amateurs destinent une table séparée, uniquement pour se procurer des semences, & ils ont soin de pincer les tiges lorsqu’elles ont passé leurs premières fleurs ; alors les cosses qui restent, prennent plus de nourriture & le pois est mieux nourri.

i. De la culture des pois dans les champs relativement aux grains. Les jardins ne fourniroient pas la quantité suffisante de pois verts & de pois secs que l’on consomme dans les grandes villes ; il faut recourir aux champs & travailler en grand. On choisit pour cet effet les pois commun, carré vert d’Angleterre, le normand, &c., & on sème aux époques indiquées ci-dessus, afin de prolonger la jouissance de ces légumes.

Leur culture se réduit à labourer plusieurs fois le sol, à l’émietter autant qu’il est possible, ce que l’on obtient facilement si, lorsqu’on laboure, la terre n’est ni trop humide, ni trop sèche, à moins qu’elle n’ait été piétinée pendant l’hiver par les troupeaux ; dans ce cas on doit multiplier davantage les coups de charrue & le croisage. J’ai vu de bons cultivateurs donner un bon coup de bêche sur toute la longueur du second sillon, du quatrième, du sixième & ainsi de suite ; ils sont assurés par ce moyen de se procurer de bonnes récoltes. Il résulte de ce travail que chaque sillon portant un pied de largeur, & ne semant