Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1789, tome 8.djvu/241

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les usages, & que dans le terrain qui leur convient elles acquièrent en général un caractère farineux, excellent, il s’en trouve cependant dans le nombre qui réunifient certaines qualités qui doivent les faire rechercher de préférence pour différens emplois. Par exemple, la grosse blanche est celle à laquelle il faut s’attacher pour la nourriture des bestiaux & la préparation de la farine, parce qu’elle est la plus féconde & la plus vigoureuse de toutes ; la ronde jaunâtre de Newyorck, la blanche longue, la ronde & la longue rouge, ayant la chair plus délicate, doivent être destinées pour la table : quelques-unes réunissent encore d’autres propriétés dont nous devons apprécier ici les avantages.

Pommes de terre hâtives. Il paroît que les blanches sont plus hâtives que les rouges, sur-tout lorsqu’elles ont été récoltées dans un terrain graveleux & sec, qui pousse moins à la fane, & la dévoue par conséquent plus promptement à la mort ; mais un moyen d’accélérer l’accroissement des unes & des autres, c’est de les mettre en tas dans un endroit chaud & humide à l’approche du printemps, de ne les planter que germées & à peu de profondeur, sur des ados, & le long des murs au midi : quinze jours de plus pour la végétation de la plante, occasionnent une grande différence, relativement à la grosseur & à la production, sans compter que le terrain débarrassé de bonne heure, devient propre aux semailles d’hiver ; mais il est bon de remarquer que si on le pressoit de les arracher avant le temps, on courroit les risques de n’avoir pas huit pour un, tandis qu’en attendant un mois plus tard, le produit se trouve considérablement augmenté. La variété qui porte le nom de pomme de terre hâtive, & dont on pourroit jouir au mois de juillet, mériteroit bien d’être propagée dans les campagnes. Quand la provision de l’hiver est consommée, l’intervalle jusques à la récolte est bien long ; c’est sur-tout à la veille de la moisson que le paysan est le plus à plaindre ; manquant de tout, il soupire après la récolte, se jette sur les grains aussitôt qu’ils sont coupés. Si à cette époque, toujours critique pour le petit cultivateur, il pouvoit se procurer des pommes de terre, il seroit dispensé de faire usage des grains trop nouveaux auxquels il faut attribuer la plupart de ces maladies si fâcheuses dans un temps où l’homme des champs a besoin plus que jamais de sa santé & de toute son énergie.

Pommes de terre tardives. Les rouges, particulièrement les longues, pourroient être les plus tardives ; il n’est pas douteux qu’en les cultivant de préférence dans les provinces méridionales, & pouvant en faire usage jusques à la fin d’avril, la récolte de la plante hâtive ne remplaçât l’autre, ou du moins on ne fût privé de cette ressource que deux à trois mois au plus dans l’année ; c’est là sans doute à quoi on parviendra par la suite, en faisant précisément le contraire de ce qui a été dit pour avancer la pousse des racines, c’est à-dire, en les étendant dans un endroit sec & frais, pour prolonger la durée de leur conservation, & retarder la germination.