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volume énorme, dont l’intérieur est très-blanc : elles sont originaires de l’Isle longue, & généralement d’un goût excellent.

Pelures d’oignon ; les tiges sont grêles & rouges par intervalle ; les feuilles petites, crépues ; les fleurs panachées d’abord, ensuite gris de lin ; les racines longues, aplaties & quelquefois pointues à l’une de leurs extrémités : c’est de toutes les variétés celle qui est la plus hâtive, quoiqu’elle ne fleurisse pas plutôt que les autres ; mais une fois arrivée à cette époque, le feuillage se dessèche insensiblement : elle est d’une bonne qualité, & réussit assez constamment dans les terrains légers. Les autres qu’on cultive en Angleterre sous le nom de pommes de terre précoces, m’ont paru n’être que des variétés de celle-ci, vu leur analogie dans le port de la plante.

Longue rouge en dehors & en dedans. Cette espèce ne présente aucune différence remarquable avec la grosse blanche, ni du côté des tiges, ni du côté des feuilles, tant pour la grandeur, grosseur & couleur, en sorte qu’on pourroit la regarder comme une variété de la même plante. La couleur de la racine, qui d’abord a la chair d’un rouge éclatant lorsqu’elle est venue par semis, diminue insensiblement si elle est extrêmement féconde & fort vigoureuse ; cependant sa qualité ne vaut pas celle des rouges longues & rondes déjà décrites.

Rouge ronde. Sa ressemblance est si parfaite avec la rouge oblongue, tant pour la structure & la couleur des fleurs que pour le port des tiges & la forme des feuilles, qu’il paroît qu’elle en provient ; elle est seulement un peu plus précoce.

Petite Blanche. Sa tige & ses feuilles sont extrêmement grêles, mais plus multipliées, & plus verticales, d’un vert clair ; ses fleurs sont petites & d’un beau bleu céleste ; ses racines sont constamment petites, irrégulièrement rondes, & de très-peu de rapport : on les connoît sous le nom de petite Chinoise ; elles sont fort bonnes à manger.


Section III.

Observations générales sur tes variétés.

Si on a fait monter le nombre des pommes de terre jusques à 60, c’est qu’on a compté les nuances de leurs variétés pour autant d’espèces qui ne feront même qu’augmenter encore à mesure que la plante plus travaillée éprouvera sous la main de l’homme industrieux des modifications, & que sa culture deviendra plus générale. Il convient d’observer que dans les fonds riches, parfaitement bien fumés, les pommes de terre rondes s’allongent ou s’aplatissent quelquefois en grossissant, tandis que dans les terrains médiocres les longues sont petites & ont presque l’apparence ronde. La qualité de leur chair varie également de couleur, tantôt elle est blanche ou jaunâtre ; elle s’écrase plus ou moins en cuisant & offre l’aspect farineux. On a encore remarqué que les rouges l’emportent pour le goût sur les blanches, soit à cause que les premières exigent une terre plus forte, ou parce qu’elles emploient plus de temps pour parcourir le cercle de leur végétation.

Quoique les variétés de pommes, de terre qui viennent d’être décrites, puissent servir indifféremment à tous