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les pommes de terre des fonds bas & légers.


Section VI.

Des animaux qui les attaquent.

Les animaux ne respectent pas les pommes de terre qu’ils endommagent plus ou moins, seulement à raison des années, des terrains, des aspects, & des variétés. On voit quelquefois sur leurs feuilles des pucerons, & une chenille qui n’y fait pas à la vérité un tort bien considérable ; mais les taupes, les mulots, les limaçons, les vers blancs, surtout, les attaquent de toutes parts, se sourissent de la pulpe, & ne laissent souvent que l’enveloppe ou la peau dans laquelle ils se logent comme le rat dans le fromage.

Ce n’est qu’à la faveur du soc de la charrue ou de la bêche, qu’on parvient à faire sortir le ver blanc, de tous les animaux celui qui préjudicie le plus à la pomme de terre : on pourroit les livrer à la proie des corbeaux, si ces oiseaux étoient plus communs au printemps, ou aux cochons s’ils n’étoient pas aussi friands de la pomme de terre : le seul moyen de les détruire, sinon en totalité, du moins en partie, c’est d’intéresser les ouvriers qui font le premier binage, à les ramasser ; c’est précisément à cette époque qu’il est possible de les trouver plus aisément, n’étant pas encore profondément en terre, & cherchant à manger les racines des plantes qui végètent à la superficie.

Il n’est pas douteux que le défaut de choix dans les espèces les plus propres à chaque canton, à chaque climat, à chaque terroir ; la méthode défectueuse de les cultiver plusieurs années consécutives dans le même champ ; la négligence & l’épargne dans les façons, ne rendent ces accidens & ces maladies plus communs ; toutes ces circonstances n’ont pas encore été suffisamment étudiées ni observées. On doit présumer qu’elles seront développées un jour de manière à ne laisser rien à désirer sur ce point d’économie rurale très-important. M. Deladebat, en Guyenne, M. Chancey, dans le Lyonnois, M. Hell, en Alsace, & tant d’autres savans agronomes avec lesquels j’ai l’honneur de correspondre, deviendront, sans doute, par leurs essais en ce genre, les bienfaiteurs des Provinces qu’ils habitent, comme l’ont déjà été dans leurs cantons MM. Dumeny-Costè, le Chevalier Mustel, Engel, Vanberchen, S, Jean de Crevecœur, &c


Section VII.

Engrais propres aux Pommes de terre.

[[interligne}} Toutes les plantes fumées sont assez constamment plus belles, plus hâtives, & plus vigoureuses que celles qui ne le sont point ; mais c’est une erreur de croire qu’il faille plus d’engrais pour la culture des pommes de terre que pour celle des grains, puisqu’il y a des espèces, telles que la grosse blanche, qui peuvent venir dans le terrain le plus aride sans le concours d’aucun engrais ; le succès de la plaine des Sablons en est un exemple frappant ; toutes les autres espèces réuniront également dans un bon sol qui aura rapporté du blé les années précé-