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bon terrain, mais très-rapprochés, ils produisent deux à trois tubercules, moins gros à la vérité que si l’œilleton étoit accompagné de beaucoup plus de pulpe : il restera de la racine excavée les trois quarts au moins, ce qui épargneroit sur la semence, & ménageroit une subsistance dans un temps où l’on ne pourroit pas s’en passer pour la nourriture des hommes & des bestiaux.


Par germes.

Lorsque les pommes de terre ont poussé avant le moment de la plantation, on peut détacher les germes de la racine, & les mettre plusieurs ensemble en terre sans pulpe, ils ne fourniront pas moins des tubercules, souvent aussi gros & aussi nombreux que s’ils tenoient à un morceau de la substance charnue, mais toujours plus considérables que ceux de simples œilletons, parce que les germes alimentés d’abord par la racine entière, ont déjà acquis, lorsqu’on les en détache, une vigueur capable de se passer de la nourriture qu’elles reçoivent : la pomme de terre qui a souffert ce retranchement, n’en est pas moins propre à la plantation, en la divisant à l’ordinaire.


Par marcottes,

Il est possible de coucher jusqu’à trois fois les branches latérales des pommes de terre, & d’obtenir de chaque branche couchée, deux à trois tubercules. Cette manière de provigner la plante, pourroit devenir essentielle, lorsqu’elle auroit beaucoup poussé en tiges, & qu’il seroit utile d’interrompre le cours de la sève trop abondante ; mais avant la plantation, il faudroit avoir prévu l’inconvénient & laissé assez d’espace entre chaque pied pour y remédier, car ce travail pourroit gêner la plante voisine.


Par boutures.

Lorsque la pomme de terre a acquis huit à dix pouces d’élévation, on peut couper les tiges & les planter chacune séparément dans des trous ou des rigoles, avec la précaution de laisser leur surface à l’air, & de la couvrir légèrement d’un peu de paille pour la préserver du hâle : chaque tige peut donner deux à trois tubercules, & la plante d’où ces jets ont été détachés, n’en a souffert aucun dommage, parce que cette opération a lieu dans un moment où le feuillage végète avec une grande célérité.

Ces différens moyens de reproduction ont toujours pour caractère une fécondité qu’on ne sauroit assez admirer ; mais on ne doit songer à les employer que dans une circonstance malheureuse où il ne resteroit de ressources que dans ces racines ; alors il ne faut être avare ni de temps ni de soins ; mais parmi ces moyens d’augmenter & d’étendre le produit des pommes de terre, il n’en est aucun qui puisse mériter une attention plus sérieuse que celui des semis, aussi nous croyons essentiel d’en développer tous les avantages dans une section particulière.


Section XV.

des Pommes de terre.

Cette voie a souvent été tentée,