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Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1789, tome 8.djvu/26

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cela que la lumière les touche, & dans ce cas elle s’incorpore avec le corps, & s’éteint.

Ce sont-là les propriétés invariables de la lumière, & en conséquence, les changemens qu’on lui attribue, ayant une fois lieu, ils doivent subsister aussi long-temps qu’elle subsiste.

L’élévation des lobes dans les feuilles dont nous parlons, est l’effet des rayons qui les frappent ; ceux-ci se dissipent, à la vérité, mais ils sont remplacés par d’autres pendant tout le temps que l’air qui environne la plante, est éclairé. Aussi voit-on qu’en plein jour les lobes restent droits, & qu’ils penchent à mesure que le jour baisse. Ce que je dis ici est l’effet de l’action de la lumière & de la structure des feuilles.

On a vu que les pétioles de ces lobes sont des faisceaux de fibres qui naissent du centre de la tige, qui pénètrent dans les lobes, & les soutiennent dans la position où elles se trouvent. L’effet de la lumière sur ces fibres, est de les tenir dans une vibration continuelle. C’est là l’effet naturel de l’impulsion & de l’extinction des corpuscules dont elle est composée, & de la nouvelle impulsion de celles qui leur succèdent.

Il est impossible que les fibres ainsi ébranlées, n’éprouvent une vibration, & cette vibration est plus ou moins forte, selon que la lumière est forte ou foible. Cette vibration est simple dans les fibres détachées ; mais elle varie dans les groupes qui sont placés à la base de la principale côte & des pédicules des lobes. C’est de l’action de la lumière sur ces faisceaux de fibres, que dépendent le mouvement & les différentes positions que les feuilles prennent ; & en conséquence ce mouvement varie selon la structure de ces faisceaux.

Ces faisceaux sont épais & lâches dans l’abrus, & de là vient que ses lobes sont susceptibles de trois positions différentes. Ces fibres sont plus compactes dans le tamarin, dans la robine à larges feuilles, ce qui fait que le mouvement de leurs feuilles se réduit à s’épanouir & à se fermer de côté ; c’est à quoi contribue la direction des fibres ; ils sont plus petits dans la parkinsonia aculeata ; aussi tout le mouvement de leurs lobes se réduit à s’épanouir & à se fermer par-dessus.

Il suit de là que les effets de la lumière varient selon la différence des feuilles ailées ; elle fait dresser les lobes de quelques-unes, par exemple de l’abrus ; elle ouvre, elle dilate celles de quelques autres ; telles sont celles de la parkinsonia. L’impression de la lumière, & les vibrations qu’elle excite, sont les mêmes dans tous ces cas ; mais la direction du mouvement qu’elle produit dans les lobes, dépend de la direction des fibres ; & sa quantité dans un degré égal de lumière, de la structure des faisceaux réticulaires des feuilles des plantes. C’est de quoi l’on s’aperçoit en examinant ces faisceaux avec le microscope & le mouvement des lobes. Ce mouvement est plus grand à proportion qu’ils sont plus longs & moins compactes, & moindres dans le cas où ils sont plus courts & plus serrés. De cette théorie passons aux expériences qui la confirment.

Je retirai, le 7 août au soir, une plante d’abrus de sa serre, & je la plaçai dans mon cabinet, dans un