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endroit où le jour étoit assez modéré pour que le soleil n’agît point dessus. Ce degré de lumière est le plus égal & le plus naturel, & par conséquent le plus propre aux premières expériences.

Les lobes des feuilles penchoient alors perpendiculairement, & ils étoient fermés par dessous. Ces feuilles restèrent dans cet état pendant la nuit, & dans un parfait repos. Demi-heure avant le point du jour, elles commencèrent a s’ouvrir, & un quart d’heure après le lever du soleil, à l’entrée de la nuit, elles se refermèrent par-dessous.

Je transportai le lendemain la plante dans une chambre qui n’étoit presque point éclairée ; les lobes s’ouvrirent le matin, sans prendre une position horizontale, & elles se refermèrent à l’entrée de la nuit.

Je la plaçai, le troisième jour, sur une fenêtre située au midi, & sur laquelle se soleil donnoit en plein. Dès le matin les feuilles prirent une position horizontale, & se redressèrent considérablement à neuf heures ; elles restèrent dans cet état jusqu’au soir qu’elles reprirent peu à peu leur situation horizontale, & se refermèrent de nouveau… Le soleil ne parut point le quatrième jour, les lobes prirent sur le matin leur situation horizontale sans se redresser, & se refermèrent vers le soir à leur ordinaire.

Je plaçai, le cinquième jour, la plante dans une chambre moins éclairée, & sur les neuf heures les feuilles se penchèrent, & formèrent un angle obtus par-dessous. Je la transportai dans un endroit où le jour étoit plus grand, & au bout d’un quart d’heure, elles prirent une position horizontale. Je la mis alors sur une fenêtre où le soleil donnoit, & les feuilles se redressèrent comme auparavant ; mais l’ayant transportée dans la chambre, elles retombèrent de nouveau. Tous ces changemens eurent lieu depuis neuf heures du matin jusqu’à deux heures après-midi ; le temps étoit le même, & je ne fis que changer la plante de place. Je la tins, le sixième jour, dans un jour modéré, & ses feuilles prirent une position horizontale ; le sixième jour au soir, je plaçai ma plante sur une tablette de ma bibliothèque, où le soleil donnoit, je fermai la porte, & abandonnai le tout à la nature. Le temps fut très-beau le lendemain, les feuilles qui s’étoient inclinées le soir, & qui étoient restées dans cet état pendant la nuit, commencèrent à s’ouvrir dès la pointe du jour ; elles quittèrent à neuf heures leur position horizontale ; & se redressèrent à l’ordinaire. Je fermai alors la porte de ma bibliothèque, la plante resta dans l’obscurité, & l’ayant ouverte une heure après, je trouvai les feuilles aussi inclinées qu’elles l’étoient à minuit. Elles changèrent de position dès que j’eus ouvert la porte, & elles se redressèrent au bout de vingt minutes. J’ai répété cette expérience plusieurs fois, & elle m’a toujours réussi. Ces expériences prouvent que la lumière seule est la cause de ce changement.

Du mouvement de la sensitive. Il dépend en grande partie des mêmes principes. Cette plante, outre la propriété singulière qu’elle a de fermer ses feuilles, & de les ouvrir lorsqu’on la touche, est sujette aux mêmes changemens que l’abrus.