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place. Quelque soin qu’on se soit donné pour n’en plus laisser dans le champ où elles ont été récoltées, ce champ deviendra également une ressource pour les cochons, si on les y conduit plusieurs jours de suite ; mais comme ce champ ne sera pas suffisant, il faut leur donner davantage de pommes de terre, en les faisant cuire, & les mêlant avec des grains, selon les ressources locales.

Pour les volailles. Toutes les espèces peuvent être nourries & engraissées avec une pâte dont la pomme de terre fait la base. Les dindons, & les oies particulièrement, s’en trouvent on ne peut mieux ; & c’est encore un moyen de ménager les grains utiles à la consommation de l’homme, & d’épargner sur les frais. Mais il faut se dispenser de donner ce mélange aux volailles qui pondent, dans la crainte qu’elles n’engraissent trop.

Pour le poisson. Il est possible de donner aux carpes, dans les étangs & dans les viviers, les pommes de terre cuites, en les mêlant avec de la farine & du son, sous forme de boulettes, & jetant ensuite ces boulettes dans les environs de la bonde de l’étang, & toujours au même endroit, afin de les accoutumer à venir y chercher leur nourriture.


Section VIII.

De leurs propriétés médicinales.

En considérant toutes les propriétés des pommes de terre, on ne peut se dispenser de convenir que s’il existe un aliment médicamenteux, ce ne soit dans ces racines qu’il se trouve placé. Lemery, dans son Traité des alimens, M. Tissot, dans son Essai sur les maladies des gens du monde, M. Engel dans son Instruction sur la culture des pommes de terre, accordent à cette plante les plus grands éloges. Ils regardent la nourriture qu’elle fournit, comme légère & d’une digestion facile. Jamais elle n’est suivie d’aigreurs ni de flatuosités, comme il arrive souvent de la part des farineux ordinaires. Ellis & Magellan, lui donnent les épithètes les plus pompeuses, en annonçant ces racines comme l’aliment le plus analogue à leurs compatriotes, par rapport à l’usage où ils sont de manger beaucoup de viande. Leur vertu apéritive & antiscorbutique est reconnue & démontrée par une multitude de faits que j’ai rassemblés dans mes Recherches sur les végétaux nourrissans. Que d’avantages, s’il étoit possible un jour de réunir aux vivres des marins le vrai remède d’une maladie qui fait périr tant d’hommes précieux à l’état, & désole les équipages ! Ne pourroit-on pas faire entrer dans leurs rations, des pommes de terre fraîches, séchées, sous forme de pain & de biscuit de mer.

À ces témoignages respectables, je me permettrai d’en ajouter un qu’il seroit également difficile de révoquer en doute ; c’est celui des commissaires nommés par la faculté de médecine, lorsque cette savante compagnie fut consultée sur l’usage des pommes de terre : voici comme ils terminent leur rapport. Une des principales propriétés des pommes de terre, & qui les rend particulièrement recommandables, c’est d’améliorer le lait des animaux, & d’en augmenter la quantité. Nous ayons remarqué qu’elles produisoient