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Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1789, tome 8.djvu/332

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est la quantité & la qualité des provisions dont elle est assurée pour le courant de l’année, & d’après cela elle règle la quantité de sa volaille. Que l’on ne le trompe pas ; un petit nombre de poules bien soignées & bien nourries, rend beaucoup plus que si le nombre est double & les provisions rares. La poule aime beaucoup les alimens cuits & donnés encore chauds ; ce goût décidé multiplie les moyens de la nourrir, & double sa ponte. Après le canard & le pigeon, la poule est un des oiseaux qui digère le plus vite ; heureusement elle n’est pas difficile sur le choix des alimens.

Le premier soin de la ménagère est de faire cuire la veille, & dans les lavures de la vaisselle, les herbages, comme mauvaises feuilles de choux, de raves, de bettes, enfin de toutes les plantes potagères que la saison fournit, mêlées avec du son. Il ne faut pas que ces herbes soient trop cuites. Avant le lever du soleil elle les remet sur le feu jusqu’à ce qu’elles soient pénétrées par la chaleur, elle égoutte le tout & le porte dans une auge ou plusieurs auges établies dans le poulailler & peu élevées de terre. Après qu’elles ont mangé, ce qu’on pourroit nommer leur soupe, on leur donne une certaine quantité de grains qui sont la plupart des criblures de blé, de seigle, d’avoine ou de sarrasin, vulgairement nommé bled noir, du mais, ou bled de Turquie ou gros millet concassé.

Cette manière de donner le premier repas suppose que le poulailler est tenu très-proprement, & qu’aussitôt après la sortie des poules, il est balayé avec soin. On ne sauroit trop recommander la plus exacte propreté, & le propriétaire jaloux de conserver sa volaille, ne sauroit y veiller avec trop de soin ; ainsi que sur la propreté de l’eau qu’on leur donne à boire. (Consultez l’article Poulailler) Si au contraire la ménagère est négligente, si elle aime peu la propreté, il vaut beaucoup mieux faire prendre le repas en dehors, parce que les ordures s’accumuleroient dans le poulailler ; de là, la mauvaise odeur, la fermentation des ordures, leur corruption, enfin le germe le plus décidé des maladies qui attaquent la volaille : abondance d’eau pure, salubrité & quantité suffisante d’alimens, enfin propreté, telle est la base de la prospérité de la volaille.

Je préfère ce repas donné dans l’intérieur, parce que rien ne se perd & les poules mangent jusqu’aux derniers restes. Si on le donne dans la cour, les dindes, les canards, s’y jettent avidement, causent de la confusion, & les canards, sur-tout, absorbent plus de la moitié de la mangeaille. Il vaut beaucoup mieux, & il est plus profitable, de préparer & donner séparément le repas à chaque espèce de volaille. S’il est en grains, tous les pigeons d’alentour fondent dessus » & se glissant entre les poules, ils sont les mieux nourris, parce qu’ils bequettent deux fois quand la poule en bequette une. En séparant les portions, on sait ce que l’on donne, comment & à qui l’on donne, & aucun individu ne souffre. Dans quelques endroits, la ménagère se contente d’appeler la volaille sur les sept ou huit heures du matin, & en hiver sur les neuf heures, pour lui donner son repas. Cette méthode est plus commode