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Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1789, tome 8.djvu/333

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pour elle, mais moins profitable aux poules, qui, depuis le moment de leur sortie du poulailler jusqu’à cette heure, perdent leur temps, & ne mettent point autant d’activité à chercher leur nourriture dans le voisinage ; mais une raison plus prépondérante est que le repas donné long-temps après la sortie, dérange la ponte de chaque jour. Ceux qui ont prescrit cette méthode, n’ont pas fait attention que la majeure partie des poules est occupée à pondre depuis sept jusqu’à neuf heures du matin.

Ce repas matinal est de première nécessité pour les poules, même pendant la récolte & la battue des grains. Alors on diminue seulement la quantité des alimens. La poule est un animal si fort d’habitude, que le moindre dérangement la contrarie, & qu’elle sortira très-tard du poulailler & perdra un temps précieux à attendre la nourriture qu’on avoit coutume de lui donner. C’est lorsque toutes les poules en sont sorties, que la ménagère commence à rétablir la propreté, & donner le plus grand courant d’air, afin de purifier celui de l’intérieur & chasser toute l’humidité, car la poule la craint beaucoup. La ménagère balaie exactement, nettoie les bâtons des juchoirs, tourne ou change la paille des nids, lave les auges, les abreuvoirs, y porte de l’eau fraîche, &c. ; c’est par ces petits soins non interrompus, que les poules s’attachent à leur demeure & ne cherchent pas à aller pondre dans tous les coins & les recoins de la ménagerie ; ces pontes cachées sont une preuve non équivoque de leur dégoût pour leur habitation, d’où souvent il résulte une très-forte perte d’œufs pour le propriétaire, La ménagère doit seule entrer dans le poulailler ; la vue d’une personne étrangère dérange & effraie la volaille. Lorsque l’habitude est une fois contractée, la ménagère peut au besoin y entrer plusieurs fois par jour, & la poule même, lors de sa ponte, ne se dérangera pas de son nid.

Pendant toute la journée, la poule va chercher sa nourriture en insectes & en grains. C’est à elle à y pourvoir, & l’on ne s’en met pas en peine, car rien n’échappe à sa vue. La légèreté de la mouche ne sauroit la soustraire à la promptitude & à la sûreté de son coup de bec, d’où l’on doit conclure la nécessité d’éloigner les poules des ruches qu’elles auroient bientôt dépeuplées.

Un peu avant le coucher du soleil, la ménagère appelle ses poules & elles se hâtent d’accourir à sa voix, elle leur donne alors dans le poulailler le second repas préparé comme celui du matin, ferme la trape par laquelle elles sont entrées, & se retire.

On ne sauroit croire combien la nourriture chaude contribue à la conservation & à la bonne santé des volailles, & combien elle augmente la ponte. J’aimerois beaucoup que les grains qu’on leur donne après, fussent cuits avec les herbes ; ils leur profiteroient beaucoup plus. Si on change de temps à autre les espèces de grains destinés à leur nourriture, ce changement leur est très-avantageux ; les pommes de terre, lorsque leur récolte est abondante dans le pays, sont un mets excellent pour elles, sur-tout pendant l’hiver où les insectes & les grains sont peu com-