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la plante est annuelle & fleurit en mai, juin & juillet. Je crois que la première graine de cette plante nous a été apportée de l’Inde.

Propriétés économiques. Le pourpier ordinaire a produit une variété que l’on appelle pourpier doré ; elle est due à la culture. Si on la néglige, si on la sème dans un mauvais terrain, elle revient après une ou deux années à son premier état, & constitue ce que les jardiniers appellent pourpier vert, qui résiste mieux aux intempéries des saisons que le doré ; mais l’un & l’autre ne peuvent supporter le froid au degré de la glace ; d’où l’on doit conclure que l’un & l’autre ne doivent être semés que lorsque la saison est décidée pour chaque canton & qu’on n’y craint plus les gelées tardives.

Les amateurs sèment le pourpier vert sous cloche, & même sur couche, & par le moyen des paillassons & des soins ordinaires que l’on donne aux couches, (consultez ce mot) ils le garantissent du froid. Comme la racine est très-mince & presque sans corps dans le commencement, la graine demande à être semée sur du bon terreau, & nullement enterrée, mais simplement pressée légèrement avec la main contre le terreau. On la sème fort épais & on lui donne le soleil autant que la saison le permet. Dès que la plante a deux feuilles un peu formées, on la coupe & elle sert à décorer les salades dans les villes où l’argent est assez abondant pour dédommager le cultivateur des peines qu’il a prises.

La fin d’avril ou le commencement de mai est en général pour la France l’époque à laquelle on sème les deux pourpiers en pleine terre, & dans plusieurs cantons l’on choisit encore les expositions les plus méridionales & contre un mur. La petitesse de la graine & la ténuité de la racine indiquent l’espèce de terre qui lui convient le mieux. On doit donc choisir le terreau le plus consommé & en mettre quelque peu sur la place que doivent occuper l’un & l’autre pourpier. Comme le pourpier doré est plus agréable à la vue, on ne cultive guères que celui-là. Ses tiges sont plus longues, ses feuilles plus larges & mieux nourries : lorsqu’on a laissé grainer, mûrir & pourrir sur place une ou deux plantes de ces pourpiers, il est presqu’inutile de les resemer l’année suivante. Les plantes pullulent de par tout, & sont aussi bonnes que si on les avoit semées exprès. On est étonné de voir quelquefois qu’un pourpier dont les tiges disposées en rond occupent souvent près de deux pieds de diamètre, ne tienne à la terre que par une racine très-déliée. La raison en est simple, c’est qu’à l’exemple de toutes les plantes grasses, celle-ci se nourrit plus des sucs répandus dans l’atmosphère, que de ceux qu’elle tire de la terre. Il en est ainsi de toutes les espèces de pourpiers en arbres & autres, que les curieux conservent dans les serres chaudes, & dont nous ne parlerons pas, parce qu’elles sont étrangères à notre objet.

Dans les mois de juin & de juillet, on sème de nouveau le pourpier doré afin de l’avoir plus tendre jusqu’aux gelées. Ces plantes ne demandent point ou presque point d’irrigation, pour peu que le climat soit pluvieux. En effet, si on les arrose le soir ou le matin, le pourpier doré perd de sa couleur