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Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1789, tome 8.djvu/357

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quelquefois de la grosseur d’un œuf de pigeon.

Le vrai siège de la maladie est dans les glandes & les vaisseaux lymphatiques. Une surabondance d’humeurs existantes dans le corps, humecte, relâche les fibres, les vaisseaux ; il n’est pas difficile de concevoir qu’au moindre embarras dans les viscères, dans la circulation de la lymphe, ou dans les glandes qui lui servent d’entrepôt, les vaisseaux lymphatiques se gonflent, se distendent, &, n’ayant pas la force de réagir sur eux-mêmes, sont obligés de céder à celle qui détermine le fluide à s’y accumuler ; de là les cloches ou hydatides remplies d’une sérosité lymphatique, qu’on observe en diverses parties du corps.


Comparaison de la pourriture avec la maladie rouge. De l’analogie qu’il y a entre les symptômes de ces deux maladies.

La pourriture comparée avec les autres maladies connues des moutons, paroît se rapprocher davantage de la maladie rouge. La pâleur des yeux, des naseaux & de l’intérieur de la gueule ; la foiblesse extrême de l’animal, le peu de consistance de la laine, les hydatides dont sont parsemés les poumons, la plèvre, la coiffe & le foie ; les douves qui se trouvent dans ce dernier viscère, le plus souvent blanchâtre ou corrompu ; les épanchemens d’eau dans la poitrine & dans le bas-ventre ; la décoloration de tout ce qui est contenu dans les cavités, & celle des chairs, sont des symptômes communs à la maladie rouge, (voyez ce mot) & à la pourriture, & des effets produits par l’une & par l’autre ; mais la première ne se communique pas de la mère à l’agneau ; elle a cela de particulier que parmi les animaux qu’elle attaque, quelques-uns rendent du sang avant de mourir, & ce n’est que dans la seconde qu’on observe la goulée ou gourmette, c’est-à-dire, une poche remplie d’eau, placée sous la mâchoire inférieure, dont nous avons déjà parlé. Cette poche se remarque sur-tout le soir, quand les bêtes à laine reviennent des champs. Le matin elle disparoît, parce que les animaux pendant la nuit n’ont pas eu la tête baissée, comme dans le jour : celle-ci le communique de la mère à l’agneau. M. l’abbé Tessier a trouvé des principes de pourriture dans un agneau de trois semaines, dont la mère étoit atteinte de cette maladie. Cette différence qui empêche de prononcer sur la conformité absolue des deux maladies, doit-elle les faire regarder comme dissemblables ? On doit le croire d’autant moins que les bergers ont assuré M. l’abbé Tessier, qu’ils avoient vu quelquefois des moutons pisser du sang, étant attaqués de la pouritture. La plûpart de ceux qui l’étoient de la maladie rouge, avoient la tête boursouflée & quelquefois les jambes de devant, ce qui remplace peut-être la goulée dans une saison où l’humidité n’est pas aussi considérable. Les observations suivantes ; donnent de la force à cette présomption. En 1780, la maladie rouge a fait les plus grands ravages dans les métairies de la Sologne où la pourriture avoit enlevé l’hiver précédent beaucoup de bêtes à laine, & elle a causé moins de pertes dans celles