où la pourriture s’est a peine montrée. Car dans la paroisse de Montrieux, sur 520 bêtes qui formoient quatre troupeaux, la pourriture en a fait mourir 61, & la maladie rouge 57 ; dans celle de Duison, sur 166 en deux troupeaux, il en est mort 23 de la pourriture, & 12 de la maladie rouge ; dans celle de Villeneuve, de 58 bêtes, la pourriture en a tué 15, & la maladie rouge 21 ; à Varonne, paroisse de Foissi en Berry, & en deçà du Cher, un, fermier a vu son troupeau qui étoit de 155 bêtes, diminuer de 98, tant par la pourriture que par la maladie rouge. Au contraire, à la Locature appelée Mont de Cloche, & à la métairie des Ormes, paroisse de Duison en Sologne, où l’on n’a perdu que deux bêtes de la pourriture, on n’en a pas perdu davantage de la maladie rouge ; une bête échappée à la pourriture d’automne a succombé à la maladie rouge : enfin un fermier de la Cave, près Montargis, déclare que du mois de septembre au mois de décembre 1780, il a perdu 15 moutons de la maladie rouge, quoique cette saison soit celle où règne la pourriture ; c’étoit des moutons qu’on lui avoit amenés d’une foire : d’où l’on peut inférer qu’il y a une grande analogie dans les symptômes des deux maladies.
Ellis, dans son Guide du Berger, rapporte qu’il règne en Angleterre deux sortes de pourriture, celle d’automne & celle du printemps, plus meurtrière que la première. Ne pourroit-on pas soupçonner que la maladie rouge est cette dernière espèce de pourriture ? Je ne serois point éloigné de croire, continue M, l’abbé Tessier, que la pourriture se manifeste plus ou moins dans toutes les saisons de l’année, & je regarderois même le tournoiement (voyez ce mot) comme dépendant de cette maladie ; puisqu’il est occasionné par des hydatides cantonnés dans le cerveau, ou dans le cervelet, ou dans la moelle alongée, en sorte que cette maladie semble être une hydropisie enkystée.
Quelques personnes ont pensé que la maladie rouge étoit peut-être une complication du sang (voyez Sang, maladie du) & de la pourriture. Quoiqu’il parût singulier que deux maladies, dont les causes & les effets sont si opposés, pussent en former une troisième, qui participeroit de l’une & de l’autre, je m’abstiens de décider la question, & je laisse à mes lecteurs la liberté de la juger eux-mêmes, d’après les faits précédens & d’après les causes de la maladie rouge. (Voyez ce mot)
Remédier à la foiblesse, à l’atonie des vaisseaux, leur donner le ressort qui leur manque ; procurer l’évacuation du fluide surabondant & épanché ; prévenir la macération des viscères & leur pourriture qui en seroit la suite ; voilà les indications qu’il y a à remplir : les toniques, les remèdes dessiccatifs, les antiseptiques, les diurétiques incisifs seront donc les secours les plus puissans. C’est aussi ce que l’expérience confirme, & de tous les remèdes qu’on puisse employer, il n’y en a pas de meilleur que le sel marin, qui réunit presque toutes ces propriétés. Ce qui doit déterminer à l’employer, c’est l’exemple des bêtes