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adies des moutons ; les purgatifs hydrologues, & les hydrologues en général, parmi lesquels les diurétiques, proprement dits, doivent tenir le premier rang, tels que le sel marin, le nitre, le sel d’absinthe, &c ; & enfin les antiseptiques, tels que le quinquina mêlé au sel ammoniac, qui de tous les remèdes employés jusqu’aujourd’hui, paroît être celui qui a le mieux réussi, associé avec les purgatifs & les diurétiques suivant les circonstances.


Remarques particulières sur la Pourriture

La pourriture, si familière aux brebis du nord, observée dans la Franconie, par M. Fromann en 1663, 1664, 1665, sur les bêtes à laine de tout âge, & sur les veaux & les génisses au-dessous de deux ans ; décrite en 1674, par J. Valentin Willius qui l’observa, dans l’île de Sélande, sur les bœufs, les lièvres, &c. fut également observée en 1761, & 1762, dans le Boulonnois sur les moutons, par M. Demars, Médecin, pensionnaire de la ville de Boulogne.

Il résulte des informations qu’on prit alors sur tous les lieux infectés, & des curés des environs de Boulogne, 1°. que la maladie commença vers la fin d’octobre 1761, continua tout l’hiver, & dura jusqu’au milieu du printemps de 1762 ; 2°. que ses ravages furent plus meurtriers aux mois de janvier & de février que dans les mois précédens, & que la maladie se ralentit peu à peu en mars & avril ; 3°. que dans les cantons bas, humides & marécageux, & en général dans tous ceux qui avoient été inondés au mois de mai 1761, les pertes furent des plus considérables, tandis que dans les lieux élevés, secs & sablonneux, les troupeaux avoient été généralement à l’abri de la maladie ; 4°. que les agneaux furent plus sujets, en général, à ses attaques que les mères ; 5°. que de tous ceux qui furent manifestement attaqués, il n’en réchappa aucun ; 6°. que les autres bestiaux, tels que les chevaux, vaches, porcs, &c. ne furent point attaqués de la maladie, mais que les avortemens furent très fréquens parmi ces derniers, & que plusieurs avoient été attaqués de feux opiniâtres ; 7°. qu’on ne remarqua rien d’extraordinaire dans les maladies des hommes ; 8°. que les moutons périssoient tous par hydropisie & pourriture, & que la maladie se manifestoit par les symptômes suivans.

Elle s’annonçoit d’abord par des poches pleines d’eau, qui se formoient sous la mâchoire inférieure. Les animaux continuoient jusqu’à la fin de boire & de manger, même avec assez d’avidité ; ils léchoient les parois des bergeries, & mangeoient la terre ; le bas-ventre se remplissoit d’eau ; on en trouvoit souvent à la tête entre cuir & chair ; leur embonpoint diminuoit peu à peu ; on trouvoit après leur mort, les principaux viscères du bas-ventre corrompus ; le foie sur-tout étoit le plus maltraité. On y observoit une grande quantité de ces vers plats connus sous le nom de dogues dans le Boulonnois. Les chairs de ces animaux étoient pâles & n’avoient point leur faveur ordinaire, & en général, toutes celles des moutons, tant