Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1789, tome 8.djvu/361

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sains que malades, qu’on avoit mangées pendant l’automne & l’hiver, étoient fort insipides. On essaya peu de remèdes, aucun ne réussit.

M. Demars fait observer encore que les pluies commencèrent dès le mois d’août 1760, que les vents du sud-ouest dominèrent jusqu’au mois de mars, & furent peu interrompus par ceux du nord ; à peine gela-t-il pendant tout l’hiver ; aux mois de mars & avril 1761, les vents du nord reprirent le dessus ; mais ceux du sud qui succédèrent en mai, amenèrent des orages, avec des pluies si abondantes, que tous les vallons furent inondés, & la crue des eaux fut plus considérable qu’elle n’avoit été de mémoire d’homme : presque tout l’été fut pluvieux. Dans les mois d’août & septembre, il y eut des jours très-chauds ; les vents du nord soufflèrent rarement ; les orages & les tonnerres furent plus fréquens que dans les années précédentes. L’automne & l’hiver furent derechef pluvieux avec des vents méridionaux ; les animaux & les végétaux éprouvèrent les effets de cette influence ; on remarqua que les jeunes animaux, sur-tout, s’en ressentirent plus que les autres ; les veaux & les agneaux furent généralement plus rares, plus foibles, & plus petits que dans les années communes. Les oiseaux, tels que les perdrix s’en ressentirent aussi ; le gibier fut peu commun, les épis avortèrent, & la moisson fut médiocre ; il n’y eut presque point de fruits à pépin. Cependant les maladies des hommes ne devinrent épidémiques qu’au mois d’août, & pendant la plus grande partie de l’automne ; les campagnes, & sur-tout les lieux bas & marécageux, en furent principalement affligés ; c’étoient des fièvres ardentes ou doubles-tierces continues ; mais elles furent généralement bénignes ; un très petit nombre dégénéra en pbthisie ou hydropisie.

Le même auteur, après avoir considéré la foiblesse naturelle du tempérament de la brebis, qui ne lui permet pas de soutenir de longs voyages, la fatigue, l’excès du froid & du chaud ; après avoir rapporté les effets du froid & de la sécheresse qui leur sont également contraires, & qui en firent périr un grand nombre en 1740, aux environs de Plymouth, au rapport d’Huxham ; après avoir indiqué la meilleure manière de les gouverner, qui ne fut point suivie dans le Boulonnois, pays, à l’exception des Dunes, naturellement humide & privé de plantes odoriférantes ; enfin après avoir parcouru les causes particulières qui avoient pu contribuer à la maladie, telles que l’usage qui fut pratiqué alors, de mener paître de bonne heure & de ramener tard les brebis en automne, comme en été, la plupart du temps toutes mouillées, & remplies d’une nourriture trop chargée d’humidité ; après avoir exposé les causes générales, telles que la modicité des fourrages, leur mauvaise qualité, celle de tous les grains, la plupart dévorés par les limaçons, ou gâtés par la nielle qu’on observa en juillet & août, à la suite d’un brouillard de plusieurs jours, qui laissa sur les paillis une poussière qui est un poison pour les bestiaux ; il conclut que toutes ces circonstances réunies furent incontestablment les causes de la mor-