leur qualité autant au-dessus des graminées des prairies, que le froment est au-dessus des autres grains farineux : quoi qu’il en toit, nous leur conservons les dénominations déjà adoptées, afin de ne pas augmenter la confusion d’une synonymie qui a induit en erreur plusieurs écrivains peu versés dans la connoissance des plantes. À ces trois fromental, le foin élevé mérite d’être réuni. Que deviendra donc la réputation du ray-grass des anglois, si vanté il y a 20 à 25 ans ? Je ne crains pas de trancher la question & de dire : cette ivroie peut être utile dans les prairies sèches ; mais les trois fromental méritent la préférence à tous égards. Afin de ne pas m’en rapporter sur parole, j’ai fait venir directement d’Angleterre les graines des différentes espèces de ray-grass, que j’ai fait semer & soigner avec la plus grande attention ; sous cette dénomination de ray-grass on m’a envoyé plusieurs plantes qui ne sont seulement pas du même genre ; l’avoine des prés y étoit comprise. Que conclure ! sinon que les marchands de graines, à Londres, ne sont pas plus instruits que les notres, ou que les dénominations adoptées en Angleterre sont fautives. Ce ne seroit encore rien, ou du moins peu de chose que cette incertitude, sur les véritables noms, mais tous ces ray-grass ne valent pas notre fromental. Cette assertion, quoique formelle, mérite cependant une exception. Les anglois vantent leur ray-grass pour les prairies naturelles & sèches ; ils peuvent avoir raison, relativement à leur pays moins chaud que la Fiance, & où l’atmosphère est plus humide & les pluies plus abondantes, d’où il résulte que l’ivroie vivace, ou ray-grass y réussit beaucoup mieux ; mais il est de fait qu’en France cette plante donne un fourrage bien inférieur à nos fromental. Tenons-nous en donc à ce que nous avons jusqu’à ce que, sans enthousiasme, nous connoissons quelque chose de mieux. La nature libérale a mis dans chaque climat ce qui lui convient ; il suffit d’apprécier nos richesses & d’étudier les moyens d’en profiter. D’ailleurs ce ray-grass n’est utile que pour les prairies artificielles ; dès-lors je leur préfère, à tous égards, la luzerne & le grand trèfle qui donnent une herbe bien plus nourrissante & aussi abondante pour le bétail.
La coutume la plus générale de recueillir les graines, est de rassembler les débris qui restant sur le plancher de la fénière après qu’on en a enlevé tout le foin. On ne peut pas imaginer une méthode plus mauvaise, quoique fondée sur l’économie & la plus grande commodité possible. La graine est toute trouvée, on la tient sous la main, il ne s’agit plus que de la porter du grenier sur le champ que l’on veut semer. On pardonneroit cette coutume, si toutes les plantes qui auparavant composaient le foin, avoient été de la même espèce ; mais pour l’ordinaire le fourrage présente une collection de plantes différentes, les unes sont recommandables par la qualité & la quantité de foin qu’elles fournissent, les autres sont inutiles ou dangereuses, il en est enfin de parasites comme il a été dit dans le Chapitre premier. Employer une telle graine est une parcimonie mal entendue, & que l’on payera bien cher par la fuite. Établir une prairie n’est pas un objet de mince importance. Il vaut