Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1789, tome 8.djvu/399

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

sont longues, elles enterrent trop les graines qui demandent d’être simplement un peu recouvertes de terre. À la partie postérieure de cet instrument, on attachera plusieurs fagots dont les gros bouts porteront sur la herse, & leur autre extrémité disposée comme les balais dont on se sert dans les aires à blé, portera sur le sol & un peu en-delà de la herse & sur toute la largeur qu’elle aura sillonnée. Ces fagots font l’office de balais, de râteaux, & recouvrent parfaitement la graine. On peut encore, si on aime mieux se servir de la herse à dents. Figure 6, Planche XIX, page 477, tome 5.

Lorsque tout le champ est semé, on croise le premier travail par un nouvel hersage, & on fera très-bien de terminer l’opération par faire passer le rouleau, Fig. 5 de la même gravure, sur le champ entier. Il ne reste plus qu’à attendre une pluie douce & chaude pour commencer à jouir du fruit de son travail.

Sur une étendue de terre, fixée, quelle quantité de graines doit-on répandre ? Le problème n’est pas aisé à résoudre. Sa solution exacte tient à la qualité de la graine, plus ou moins mûre ; la dernière ne germe pas ; personne ne peut répondre de celle qui a été achetée chez les marchands, à moins qu’ils ne la récoltent eux-mêmes, & il reste encore à savoir s’ils l’ont récoltés à propos. Ces marchands achètent de toutes mains ; ils vendent, ils gagnent & c’est tout ce qu’ils désirent. On se plaint ensuite de ce que leur graine a manqué en grande partie, ils répondent qu’elle a été mal semée. Est-ce le marchand, est-ce le semeur qui a tort ? que conclure, sinon que tout propriétaire doit cueillir lui-même sa graine & la cueillir à point, c’est-à-dire, lorsque la tige est desséchée à son point, comme doit l’être celle du blé que l’on va abattre.

D’après plusieurs expériences que j’ai faites, & fait exécuter assez en grand, je me suis convaincu que 60 livres de graines de fromental, pures & bonnes, suffisoient pour couvrir une superficie de terre sur laquelle on répandroit 50 livres poids de marc de froment. Que l’on varie d’un peu plus ou d’un peu moins, le mal ne sera pas grand ; mais il vaut beaucoup mieux plus que moins.

Voici à peu près les données pour ceux qui aiment, contre toute raison, à mélanger les semences : 48 livres de fromental & 11 livres de grand trèfle, ou bien 36 livres de fromental, 12 livres de trèfle & 12 livres de sainfoin, ou esparcette. (Consultez ce mot) Or a prouvé plus haut que ces mélanges étoient non-seulement inutiles mais encore nuisibles. Il n’en seroit pas tout-à-fait ainsi pour les prairies non susceptibles d’arrosement, parce que les deux plantes légumineuses se défendent mieux contre la sécheresse, (la dernière sur-tout) que les plantes graminées ; mais tout propriétaire intelligent abandonnera ces prairies sèches pour leur substituer la culture alterne par les grains, les trèfles & les luzernes, à moins que des circonstances majeures ne s’y opposent ; & encore cette position mériteroit un nouvel examen. Il ne s’agit donc plus que des plaines arrosées à volonté : or il est bien prouvé que les deux premières espèces de fromental suffirent & fourniront la meilleure & la plus abondante des herbes d’une prairie.