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lieu que pour celui-ci deux suffisent.

Sur les gros pressoirs, un marc auquel en le commençant on donne ordinairement deux pieds ou deux pieds & demi d’épaisseur, se réduit à la fin de la pression à moitié ou au tiers au plus de son épaisseur, c’est-à-dire à douze ou quinze pouces au plus ; & sur les pressoirs à coffre la force extraordinaire qu’on emploie dans sa pression, réduit le marc de sept pieds de longueur, à quinze ou dix-huit pouces de longueur ; je parle ici de longueur au lieu d’épaisseur, parce que la vis pressant horizontalement dans le coffre au contraire des autres pressoirs, qui pressent verticalement, je dois mesurer la pression par la longueur qui simule l’épaisseur dans tous les autres pressoirs.

Il est certain que les personnes qui en feront usage, éprouveront que sur un marc de 12 à 15 pieds de vin, il y aura en se servant de celui-ci, par la forte pression, une pièce ou au moins une demi-pièce de vin à gagner. Cela indemnise des frais de pressurage & au-delà.

Il y a encore beaucoup à gagner pour la qualité du vin, qui ne croupit pas dans son marc & n’y repasse pas. Cela mérite attention, joint à ce que, avec deux hommes on peut faire par jour, sur ce double pressoir, six maies, qui rendront chacun quinze poinçons de vin par chaque coffre, ce qui fera en tout 180 poinçons, au lieu que sur les autres pressoirs on ne peut en faire que quinze ou vingt par jour, si l’on veut que le marc soit bien égoutté. Il suffira de faire travailler les pressureurs depuis quatre ou cinq heures du matin jusqu’à dix heures du soir, ils auront un temps suffisant pour manger & se reposer entre chaque marc. Ainsi celui qui se sert des pressoirs à étiquets, &c. ne peut faire ces 180 poinçons, à vingt par jour, qu’en neuf jours.

Il faut convenir que le pressoir inventé par M. Legros est plus expéditif que les autres, & que d’une masse donnée de vendange il retire plus de vin qu’on n’en obtiendroit avec les autres pressoirs. L’auteur décrie un peu trop ces derniers ; cependant l’on est forcé de convenir que le sien vaut beaucoup mieux, sur-tout dans les provinces où le prix du vin est toujours très-haut, & où une barrique de plus ou de moins est comptée pour beaucoup ; mais les pressoirs ambulans, & même les pressoirs des particuliers, sont bien éloignés de la perfection même des simples pressoirs à tessons ; & de la même masse de vendange, & avec le pressoir de M. Legros on en retirera deux barriques de plus. Lorsque l’on vend une mesure contenant 775 bouteilles de vin, de 15 à 50 liv., qui sont les deux extrêmes de leur prix, on n’est pas tenté d’y regarder de si près. Si ces vins acquéroient un jour la valeur de ceux de Champagne, de Bourgogne, & même des mauvais vins des environs de Paris, la révolution auroit bientôt lieu ; l’intérêt du propriétaire en fixera l’époque.

Il faut cependant dire qu’on est, en général, parvenu dans ces provinces à construire des pressoirs avec la plus grande économie de bois possible. Qu’on se figure deux pierres de taille d’un pied de hauteur au-dessus de terre, sur lesquels repose une poutre en bois d’orme, ou encore mieux de bois de chêne, équarrie sur toutes ses faces, & de 20 à 24 pouces de dia-