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Port. La tige s’élève du milieu des feuilles à la hauteur d’un demi-pied, nue, portant ses fleurs en ombelle. Il y a une variété sans tige dont les fleurs sont plus grandes.

Lieu. Les bords des bois, dans les vallons frais ; fleurit en février, mars, ou avril, suivant les climats ; la plante est vivace.

Propriétés. La fleur a une odeur douce, la racine une saveur un peu astringente, aromatique ; celle de la plante est âcre & amère ; les feuilles & les fleurs passent pour anodines, cordiales & vulnéraires ; la racine est insipide, d’une odeur aromatique légère, approchant de celle du girofle, lorsqu’elle est cueillie au printemps.

Les auteurs ont attribué de grandes propriétés à cette plante, ils ont été jusqu’à l’appeler l’herbe de la paralysie ; mais il est démontré que les fleurs ne raniment pas sensiblement les forces vitales & musculaires, à quelque dose qu’on les prenne ; elles sont inutiles dans la paralysie pituiteuse, l’apoplexie pituiteuse, l’épilepsie produite par les passions de l’ame, le vertige par des humeurs séreuses : appliquées extérieurement récentes & broyées jusqu’à consistance de cataplasme, elles diminuent quelquefois la douleur, la chaleur & la tension des tumeurs inflammatoires ; les feuilles produisent cet effet plus promptement, parce qu’elles relâchent davantage les tégumens : intérieurement elles ne sont pas en usage. La racine jouit du même degré d’activité que les fleurs ; il est très-douteux qu’elle augmente le cours des urines, quelle chasse les graviers contenus dans les voies urinaires, qu’elle dissipe les fièvres intermittentes, qu’elle empêche la sortie des hernies réduites, & qu’elle fasse mourir les vers renfermés dans les premières voies. Telles étoient cependant les propriétés qu’on attribuoit à cette plante.

Culture. Les soins que des fleuristes ont donnés à cette plante & à sa variété, ont procuré à sa fleur des couleurs nettes ou nuancées très-agréables ; La fleur a acquis plus de volume, la plante plus de consistance, enfin, cette heureuse métamorphose lui a mérité une place distinguée dans les parterres du printemps.

La meilleure manière de la multiplier est par le semis, & on est presque assuré d’avoir de jolies variétés nouvelles si la graine a été choisie avec loin. On sème au premier printemps dans de bon terreau ; la caisse doit avoir au moins un pied de profondeur, parce que la plante pivote. Pendant l’été on la tient dans un lieu un peu frais & un peu ombragé, afin d’imiter celui où elle croît spontanément. Quelques arrosemens au besoin ne font pas à négliger… À la fin de l’automne, on la transplante dans des plate-bandes où elle fleurit le printemps d’après, ou bien dans des pots : elle y réussit moins bien qu’en pleine terre, mais le fleuriste a la satisfaction de la placer sur son amphithéâtre où elle produit un joli effet. Quelques fleuristes ont abandonné la culture des oreilles d’ours pour leur substituer celle de la primevère. Je ne suis pas de leur avis ; mais comme il ne faut pas disputer des goûts, toute