Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1789, tome 8.djvu/48

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15 pieds, sur 4 à 5 pouces de circonférence ; en sorte qu’en dix-huit mois de temps, car on suppose que les branches ont été couchées au printemps, on a des arbres faits, qui sont très-vigoureux, bien garnis de branches, & en état d’être transplantés à demeure. Il faut pour cela, coucher en entier des arbres de trois à quatre ans. Il est vrai que toutes les branches que l’on couche ne donnent pas des plants d’égale force ; mais il ne faudra aux plants foibles qu’une année de plus pour atteindre les plus forts. »

» Cet arbre, si petit qu’il soit, est robuste lorsqu’il a été élevé de graines, de branches couchées, ou par le moyen des racines ; mais il n’en est pas de même des plants qui sont venus de bouture. Comme ces boutures ne commencent à pousser vigoureusement qu’en été, & que leur séve se trouve encore en mouvement jusque bien avant dans le mois d’octobre, le bois ne se trouvant pas suffisamment saisonné, il arrive quelquefois qu’elles sont endommagées par les premières gelées d’automne, & ce qu’il y a de plus fâcheux, c’est que pour peu que les plants aient été gelés à la cime, il en résulte une corruption dans la séve, qui les fait entièrement périr. Mais outre que cet accident est rare, il n’arrive que dans les pays montagneux, dans les vallons terres, dans des gorges étroites, & dans le voisinage des eaux où les gelées se sont sentir plus promptement & plus vivement que dans les pays ouverts. Au surplus, cet inconvénient n’est à craindre que la première année ; dès qu’elle est passée, les plants venus de bouture sont aussi robustes que ceux qui ont été élevés d’une autre façon. »

Lorsque l’on plante une avenue, la distance d’un arbre à un autre doit être de 20 à 25, & même de 30 pieds ; il reprend fort bien, quoique son tronc soit de la grosseur de la jambe, sur-tout si on a menagé avec soin les racines. Pour les quinconces, & quand on est pressé de jouir, 15 pieds de distance suffisent. Il convient cependant d’observer que la beauté de cet arbre tient à la hauteur de sa tige, à l’agréable développement de les branches, qu’en le plantant trop près on nuit à l’un & à l’autre. Sa manière de pousser ses branches dans la forme de celle d’un parasol, fait qu’elles se touchent bientôt avec celles des platanes voisins, qu’elles se confondent, & ne s’élèvent plus à la même hauteur que si les pieds avoient été plus espacés. Si dans la suite on veut les élever en supprimant des rameaux inférieurs, on ne voit plus qu’un amas de branches sans feuilles, sinon à leur sommet. Au lieu que l’arbre convenablement espacé, élance majestueusement sa tige & ses branches, & forme ensuite un couvert admirable. Trop se presser de jouir n’est pas bien jouir.

M. Daubenton dit qu’on peut tailler cet arbre autant que l’on veut, & dans toutes les saisons ; je suis bien éloigné de chercher à contredire cet excellent observateur & cet habile praticien ; personne ne respecte plus que moi ses lumières, & ne rend plus hommage à les talens ; mais je ne vois pas le besoin de contrarier la nature en taillant, en supprimant des branches dans le temps que l’arbre est en pleine séve,