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Il n’en souffre pas, dira-t-on, c’est-à-dire que sa végétation est très-active, & qu’elle recouvre en peu de temps les plaies faites à l’arbre. Cette végétation auroit été bien plus forte si la séve n’avoit pas été employée à reparer les atteintes portées à son cours. Il est plus prudent d’attendre la chute des feuilles, l’époque où la séve est en repos, mais voici une observation de ce grand cultivateur, qui est très-juste.

On est obligé de mettre des tuteurs aux platanes pour les dresser & les soutenir dans leur jeunesse. Il arrive presque toujours deux inconvéniens. Les liens étranglent l’arbre promptement, l’endroit de la ligature est marqué par un bourrelet, & souvent le lien se trouve enfoncé & serré dans l’entre-deux du bourrelet supérieur & inférieur. Le vent qui a beaucoup de prise sur les grandes feuilles de cet arbre, casse souvent la tige au-dessus des tuteurs ou de la ligature supérieure. Il faut donc visiter & changer deux à trois fois les liens pendant l’été, & l’on doit se servir de perches qui soient au moins de six pieds plus hautes que l’arbre, afin de pouvoir y attacher la maîtresse tige à mesure qu’elle s’élève. Dès que les arbres peuvent se soutenir, on supprime les perches ; elles ne pourroient que leur nuire.


PLATE-BANDE. C’est une bande de terre longue & étroite, où l’on cultive des fleurs & des arbrisseaux. La plate-bande sert à terminer les parterres, les quarreaux des jardins, &c. Les parterres des amateurs fleuristes sont ordinairement formés en entier par des plate-bandes, parce qu’elles facilitent la culture des plantes, la séparation des espèces, & en font mieux ressortir la beauté… Dans les grands jardins, elles sont presque toujours bordées par des buis qui dessinent bien les allées, & qui empêchent que les feuilles & les tiges des plantes n’outre-passent l’ordre symétrique ; enfin on fait des plates-bandes en simples gazons.

Les amateurs fleuristes ont grand soin d’éloigner les buis des divisions du sol qu’ils cultivent ; ils préfèrent terminer leurs plate-bandes avec des briques vernissées. Le coup-d’œil est le même, & les petites allées sont très-caractérisées. Les buis, par le grand nombre de leurs racines chevelues, absorbent les sucs nourriciers du sol de la plate-bande ; & en outre ils deviennent le repaire des insectes destructeurs.

Dans les grands parterres, dans les grands jardins, où les plate-bandes ont une largeur proportionnée à leur longueur, les bordures en buis figurent très-bien, & l’intérieur de la plate-bande est garni d’arbrisseaux, de mauves, de plantes qui font masse, telles que les pivoines, les couronnes impériales ou fritillaires ; les lys, les ornithogales, les ancolies, &c. ; mais il faut que des plantes naturellement moins élevées couvrent la superficie du sol ; enfin, le jardinier doit veiller à ce que les fleurs se succèdent sans interruption.

En général, le sol des plate-bandes est trop négligé ; on y plante, on arrache sans cesse, & jamais, ou presque jamais il n’est renouvelé par une terre nouvelle, ou amendé par des engrais. Ce manque de précaution est visible dans la majeure partie des grands jardins. Comme