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Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1789, tome 8.djvu/546

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outre les travailleurs, conduisent les alignemens. L’un aligne les arbres sur la ligne droite, l’autre sur la ligne qui croise, & la troisième sur la ligne diagonale.

On doit, pendant les premières années, faire travailler le pied des arbres sur un diamètre de six à huit pieds. Si après la première ou la seconde, un arbre est mal venant, il convient de lui en substituer un autre bien sain & bien enraciné, afin que sa tête & ses racines aient le temps de travailler avant que celles des arbres voisins s’emparent de tout le terrain. On plante & on replante en vain ; quand une fois les branches se touchent, on assure que les racines se touchent aussi. L’arbre nouvellement planté profite très-bien dans la première année, parce qu’il jouit du bénéfice de l’air dans la clarière formée par l’arbre mort & arraché, & ses racines travaillent dans la fosse qui a été rouverte pour le recevoir. Pendant cette première époque, les branches des arbres voisins, afin de profiter des bienfaits de l’air, se sont jetées du côté de la clarière autant qu’elles l’ont pu, & le vide a diminué. Les racines voisines sentant de la terre nouvellement remuée, ont imité les branches, & bientôt l’arbre planté s’est trouvé écrasé par l’ombre, & la substance des jeunes racines, dévorée par celles des arbres de la circonférence. Enfin le jeune arbre périt à la seconde ou à la troisième année : il va rarement à la quatrième : s’il subsiste plus long-temps, il reste foible & languissant. On a sans cesse cet exemple sous les yeux dans les promenades publiques, & cependant l’on replante sans cesse, parce que les entrepreneurs gagnent à replanter.

Je ne vois qu’un seul moyen de prévenir cet inconvénient, c’est 1°. d’augmenter le diamètre de la clarière en raccourcissant les branches des arbres de la circonférence ; 2°. de donner à la fosse destinée à recevoir l’arbre, 10 à 12 pieds de diamètre ; 3°. dans le milieu de l’espace qui reste entre les bords de cette fosse & le tronc de l’arbre voisin, de creuser un fossé de 4 pieds de profondeur sur 6 de largeur & 12 de longueur. Les racines nouvelles des arbres voisins s’amuseront dans cette fosse, la garniront, la tapisseront, & ne pénétreront dans le sol qui est au-delà, que lorsqu’elles auront rempli toute la capacité du fossé. Pendant cet intervalle, l’arbre nouvellement planté profitera en tête & en racines ; enfin il acquerra assez de force pour se défendre lui-même. Si cet arbre se trouve dans le centre du quinconce, ou entouré par d’autres arbres, on le circonscrira de toute part par le fossé de précaution dont on vient de parler ; mais le mal devient, pour ainsi dire, incurable, lorsque les arbres n’ont été, dans le principe, plantés qu’à 10 ou à 15 pieds. Lorsque l’on place un arbre en terre, on ne voit qu’un morceau de bois isolé, & l’espace d’un arbre à un autre arbre paroît immense. Que l’on considère actuellement un arbre isolé, par exemple, un noyer, un tilleul, un platane, &c. & on verra que ces arbres couvrent une surface de 60 à 80 pieds de diamètre. Je ne veux pas conclure de là que les arbres d’un quinconce doivent être plantés à cette distance ; cet exemple est cité seulement pour démontrer quelle peut être la portée d’un arbre, & prouver combien peu c’est