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gumens de la tête, du ventre & de la face interne de la cuisse, présentent un diamètre considérable ; les vaisseaux sanguins de l’œil sont dilatés, la peau est chaude, la soif assez grande, l’appétit diminue, les matières fécales sont un peu sèches, l’urine colorée, quelquefois trouble & d’une odeur forte ; enfin l’animal est plutôt inquiet & éveillé que las & assoupi.

Causes. Les principes les plus fréquens de cette maladie, sont 1°. la grande chaleur de l’été ; 2°. l’exposition trop longue aux ardeurs du soleil ; 3°. l’usage immodéré des plantes aromatiques & des plantes âcres ; 4°. les vapeurs qui s’élèvent des animaux & du fumier abandonné à la fermentation putride ; 5°. les travaux excessifs, les courses violentes & les marches forcées ; 6°. la grandeur & la quantité de la laine dont le mouton est surchargé, sur-tout lorsque les chaleurs de l’été commencent à se faire sentir ; 7°. le long séjour dans des écuries ou bergeries où l’air n’est pas renouvelé.

La durée & l’intensité de la chaleur intérieure ou extérieure sont tout le danger : plus la chaleur est douce & momentanée, moins l’animal en éprouve de mauvais effets : au contraire, plus elle est de longue durée & se fait sentir avec force, plus il faut s’attendre à des accidens fâcheux.

En Languedoc, le mouton & après lui le cheval, sont plus sujets à cette espèce de pléthore, que la chèvre, le bœuf & le porc. (Voyez Sang, maladie du) La chèvre est de tous les bestiaux celui qui craint le moins les grandes chaleurs ; elle dort au soleil, & s’expose volontiers aux rayons les plus vifs de cet astre, sans en être incommodée.

Traitement. Le repos, les bains, les lavemens, les alimens rafraîchissans & aqueux, sont les remèdes indiqués pour modérer la raréfaction du sang. Le cheval restera tranquille dans une écurie propre, bien aérée & exposée au vent du nord ; le bœuf & le mouton ne paîtront que dans les bois de haute futaie, ou resteront dans l’étable parfumée plusieurs fois le jour avec du vinaigre : là, on leur donnera pour nourriture des plantes récemment cueillies, abondantes en mucilage aqueux, douces & privées de parties aromatiques ; pour boisson, du petit-lait ou de l’eau dans laquelle on aura mêlé deux poignées de farine d’orge, & une once de crème de tartre, sur environ vingt livres d’eau pure. Le cheval & le bœuf boiront trois ou quatre fois par jour de cette eau ; le mouton seulement deux fois. Pour favoriser l’effet de ces boissons, si la saison le permet, on fera baigner les animaux malades. Le bœuf, qui se plaît naturellement au milieu des eaux, doit y rester plus long-temps que le cheval ; par exemple, deux bains de rivière par jour, d’une heure chacun, suffiront pour le bœuf, un pour le cheval, tandis que le mouton, plus timide & moins ami de l’eau, n’en prendra qu’un par jour, & d’une demi-heure chacun. Les lavemens rafraîchissans ne sont pas moins utiles pour s’opposer à la grande chaleur du sang ; on en donne deux ou trois par jour, au bœuf & au cheval seulement, avec la seule infusion de feuilles d’oseille, ou avec la décoction d’orge saturée de crème de tartre. On donnera au mouton du