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Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1789, tome 8.djvu/578

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Observations Essentielles.

Les vaches à lait que l’on veut conserver telles, peuvent manger des feuilles de bette-rave champêtre pour toute nourriture, pendant huit à quinze jours de suite ; dès les premiers jours, elles donnent une plus grande quantité de lait & de crème de la plus parfaite qualité ; mais si l’on continue à les nourrir avec ce fourrage seul, elles engraissent trop & leur lait diminue. Ces feuilles engraissent très-bien aussi les bœufs & les moutons.

Pour conserver les vaches à lait dans tout leur produit, il faut mêler avec ces feuilles, de temps en temps, un tiers ou un quart des herbes dont on les nourrit communément. On peut leur donner de ces herbes une fois par jour, ou bien, tous les trois jours, les en nourrir une journée entière ; par ce moyen les vaches seront toujours d’un grand rapport, & leur laitage sera excellent. Ces observations ne concernent que les vaches que l’on nourrit constamment à l’étable.

Quand on est menacé de pluie ou de mauvais temps, on doit faire sa provision de feuilles pour deux ou trois jours ; mais il faut retourner quelquefois les tas qu’on en a faits, afin qu’elles ne s’échauffent pas. Les récoltes multipliées de ces feuilles, ne donnent pas plus de peine que celles des autres fourrages verts, qu’on est obligé de faucher, de fauciller, ou d’arracher dans les prés ou dans les champs, & qu’il faut également ramasser & transporter dans les étables. S’il y a une différence, elle est en faveur des feuilles de la bette rave champêtre, un enfant peut les casser, les cueillir, tandis qu’il faut des hommes pour faucher les autres fourrages.

En plantant une quantité de racines proportionnée à celle des bestiaux qu’on veut entretenir ou engraisser, on est sûr de pouvoir leur fournir des feuilles, quelque temps qu’il fasse, même pendant les plus longues sécheresses ; en un mot jusqu’au moment où l’on peut commencer à leur faire manger les racines.


§. VII.

Usage des feuilles pour les hommes.

Les feuilles de cette racine, sont aussi pour les hommes un aliment sain & agréable ; on en mange les côtes comme celles des bettes ; elles n’ont pas comme celles-ci le goût de terre, & participent à celui du cardon d’Espagne. On peut les préparer de différentes manières ; apprêtées comme les épinards, elles leur sont préférées par beaucoup de personnes ; on peut en manger depuis le printemps jusqu’au mois de novembre. Par leur reproduction aussi continuelle qu’abondant, elles sont très-utiles aux fermiers, aux gens de la campagne, & dans les maisons où il y a un nombreux domestique. Les racines se mangent cuites pendant l’hiver, on peut les accommoder de plusieurs façons ; c’est un légume très-bon, d’un goût agréable. Les feuilles que les racines renfermées dans une cave, produisent pendant l’hiver, sont fort tendres & très délicates en entremets.