Aller au contenu

Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1789, tome 8.djvu/58

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

affectée ; néanmoins Hofsman, Triller, & de Haller, ont cru qu’il n’y avoir que la face externe du poumon qui fût intéressée.

Morgagni a prouvé, par une infinité d’observations, que la plèvre n’est pas toujours le siége de cette maladie ; & Lieutaud dit que parmi un grand nombre de pleurétiques qu’il a eu occasion d’ouvrir après leur mort, il en a trouvé seulement deux atteints d’une vraie pleurésie. La pleurésie est appelée humide, quand l’expectoration des crachats se fait sans aucune gêne ; elle est au contraire sèche, lorsque les malades crachent peu, ou point du tout.

La pleurésie fausse a son siège dans les muscles intercostaux, ou dans les fausses côtes, & la douleur qui l’accompagne n’est jamais bien fixée au côté de la poitrine ; elle change de place très-souvent ; tantôt elle affecte une partie voisine, tantôt elle en intéresse une autre fort éloignée du poumon & de la plèvre.

On la distingue aisément de la vraie par la mollesse du pouls, par la douleur qui est toujours plus extérieure, & par l’absence des autres symptômes inflammatoires qui sont inséparables de la vraie pleurésie.

Les vieillards sont en général moins exposés à cette maladie que les jeunes gens ; pour l’ordinaire elle attaque les personnes maigres, dont le tempérament est bilieux ou pléthorique.

Les ouvriers, les journaliers, qui par état sont obligés de travailler en plein air, & les habitans de la campagne, sont presque toujours ceux sur lesquels elle exerce sa cruauté. Elle est toujours moins meurtrière pour les vieillards ; la sécheresse de leurs fibres prêtant moins à l’inflammation, fait qu’ils en réchappent plus facilement que les adultes.

Tout ce qui peut supprimer l’insensible transpiration, peut occasionner cette maladie. D’après ce principe, une trop longue exposition à un vent froid & humide, une boisson fraîche, prise immédiatement après un exercice violent & une sueur forte, le sommeil pris dans un lieu froid & humide, peuvent lui donner naissance.

Elle peut dépendre aussi de l’usage des liqueurs spiritueuses, de la supression de quelque évacuation habituelle, de la rentrée de quelque éruption cutanée ; de la guérison prématurée de quelque ulcère ; mais l’engorgement de la plèvre est la véritable cause prochaine de la pleurésie. Les exercices violens, les mouvemens long-temps continués, les passions vives de l’ame, les veilles & les travaux forcés, disposent à cette maladie. Verna croit que chez les personnes robustes, l’abstinence du coït poussé trop loin, peut disposer à la pleurésie.

On sait encore que la morsure du serpent à sonnettes, produit en Amérique une vraie pleurésie. M. de Rozière de la Chassagne, dans son nouveau Traité sur les maladies de la poitrine, regarde l’abus des corps baleinés, comme une cause assez fréquente de cette maladie, en diminuant la capacité de la poitrine, en occasionnant son resserrement, & en gênant les viscères qu’elle renferme.

Les méthodes de traitement sont relatives, 1°, à la résolution & à