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§. XXI.

Avantages de cette Culture, & attentions qu’elle demande.

D’après les faits qui viennent d’être exposés, on peut calculer aisément ce qu’il faut de ces racines pour nourrir une vache & engraisser un bœuf ; combien un arpent de terre peut en rapporter en les plantant à 18 pouces de distance, & combien on peut engraisser de bœufs, ou entretenir de vaches avec le produit d’un arpent.

Si la terre est médiocre & peu fumée, on peut y planter ces racines à un pied ou 15 pouces de distance l’une de l’autre ; mais dans une bonne terre, il faut les espacer toujours de 18 pouces.

Les cultivateurs qui enfonceroient trop leurs plants dans la terre, qui les rapprocheroient trop les uns des autres, qui les retiroient parmi les pommes de terre ou autres légumes, ou qui ne leur donneroient aucune culture, n’auroient pas de succès ; mais ils ne devroient pas attribuer à la nature de la racine & à celle du sol ce qui n’auroit été que l’effet de leur négligence.

Il seroit à désirer que dans chaque canton il se trouvât quelqu’un assez bienfaisant pour semer une grande quantité de bette-rave champêtre, pour en distribuer les plants à ceux qui voudroient en cultiver, & pour leur enseigner la manière de les planter, de les soigner & de les employer ; ce seroit rendre le plus grand service aux habitans de la campagne.

La possibilité d’entretenir une vache, fait la félicité de la famille du manœuvre ; celui qui jusqu’ici n’en a pas eu, parce qu’il ne pouvoit la nourrir, pourroit affermer un terrain peu étendu, y cultiver la betterave champêtre, en nourrir sa vache, & le lait qu’elle produiroit, payeroit en peu de temps le prix de sa ferme. Le paysan qui n’a encore pu nourrir qu’une vache, pourroit en nourrir deux ou trois en s’adonnant à la culture de cette racine.

Outre les avantages dont nous avons déjà fait mention, la bette-rave champêtre en réunit encore plusieurs ; celui d’une récolte abondante, qui craint peu l’intempérie des saisons ; celui d’épargner pendant l’été les prés artificiels & naturels, de sorte que toute l’herbe qu’ils produisent puisse être convertie en foin ; enfin la facilité de nourrir les bestiaux à l’étable pendant toute l’année, & d’augmenter par conséquent la provision du fumier, objet si nécessaire, si indispensable en agriculture.


§. XXII.

Résumé.

1°. Les hommes peuvent manger pendant toute l’année de cette espèce de légume : il est bon & sain.

2°. Le puceron & la lisette, ni aucune autre chenille ou insecte ne l’attaquent ; il souffre peu de la vicissitude des saisons.

3°. Les feuilles de la bette-rave champêtre font une nourriture excellente pour les bestiaux de toute espèce pendant quatre mois de l’année ; celles du turneps & des autres navets ne procurent cet avantage