à peine en connoit-on quelques exemples. On a vu aussi quelquefois des chevaux, des ânes, des mulets, des bœufs, des cochons, des singes, attaqués de cette maladie. Mais les animaux carnivores, les chats, les renards, les loups, & sur-tout les chiens, y sont plus sujets. Quelques auteurs assurent avoir vu des coqs, des canards, attaqués de cette maladie, & la communiquer par leur morsure.
Quoique la rage spontanée puisse attaquer les animaux dans tous les temps, on a cependant observé qu’elle étoit plus fréquente dans les étés brûlans & dans les hivers rigoureux, lorsque les sources sont taries ou glacées, & que les animaux ne trouvent point à se désaltérer ; le défaut de boisson & d’alimens, des fatigues extrêmes, l’exposition à l’ardeur du soleil, des alimens pourris, remplis de vers, & capables d’irriter l’estomac, d’en dépraver les sucs, sont les causes déterminantes de la rage spontanée.
Comme les chiens sont sujets à plusieurs espèces de maladies, que l’on confond généralement sous le nom de rage, il est essentiel de s’assurer de bonne heure, si un chien est enragé.
Dans les premiers temps de la maladie, l’arrimai paroît triste, abbattu, tapi dans un coin, il aime l’obscurité, la solitude ; il éprouve de temps en temps des soubresauts ; il n’aboie pas, mais il grogne souvent, & sans cause apparente, surtout contre les étrangers ; il refuse également la boisson & la nourriture ; il connoît encore son maître, & le flatte ; s’il marche, il est tremblant, il paroît endormi.
Cet état dure ordinairement deux ou trois jours ; mais la maladie faisant toujours des progrès l’animal quitte tout à coup la maison de son maître : il fuit de tous côtés, mais sa démarche est incertaine, mal assurée : tantôt il va d’un pas lent, tantôt il court en furieux, se portant à droite, à gauche : souvent il tombe ; le poil est hérissé ; l’œil hagard, fixe, brillant ; la tête est basse ; la gueule ouverte, pleine d’une bave écumeuse, la langue est pendante, la queue serrée : il n’aboie point ; ordinairement il fuit l’eau, son aspect même semble l’irriter & augmenter ses maux : de temps en temps, il éprouve des accès de fureur qui reviennent par intervalles, mais d’une manière irrégulière ; alors il se jette, indistinctement, surtout ce qu’il rencontre, même sur son maître. Après trente ou trente-six heures passées dans cet état de fureur, l’animal meurt dans des convulsions, & son cadavre se pourrit promptement en répandant une odeur infecte Quelques observateurs dignes de foi, assurent qu’à l’aspect d’un chien enragé, les autres chiens fuyent en aboyant, & que s’ils se trouvent sur son passage, & ne peuvent l’éviter, au lieu de chercher à se défendre, ils sont timides & semblent le caresser.
Nous avons rapporté, avec exactitude, tous les symptômes que l’on