climats : je n’en citerai qu’un exemple. J’avois tiré de Paris la graine de radis blancs, roses & rouges ; je les semai en Languedoc, près de la mer, dans un sol préparé & au premier printemps. J’eus à la première année de vrais radis bien arrondis, en un mot, semblables à ceux que l’on mange à Paris ; quelques plantes restèrent pour graine ; elle fut semée l’année d’après & elle produisit des radis alongés, un peu plus âcres que les premiers : l’année suivante, nulle forme arrondie de la rave, mais complettement celle des navets ; enfin, au quatrième semis j’eus, non des radis, mais des navets blancs de 10 à 15 lignes de diamètre, sur 8 à 12 pouces de longueur ; leur saveur étoit excessivement âcre, & semblable à celle des navets du pays ; les couleurs roses & rouges avoient disparu. Cet exemple prouve donc que le climat influe singulièrement sur la forme & sur la saveur des raves & des navets, & que ce que les jardiniers appellent espèces, ne sont que des variétés qui se perpétuent par les graines seulement, quand les circonstances restent les mêmes. Sous le même climat il en a été de même du turneps dont j’avois reçu la graine de Paris ; il fut pendant la première année un navet gros, charnu & long, & à la seconde, sa saveur devint très-âcre, sa grosseur diminua, & sa forme s’allongea beaucoup. Revenons aux espèces de navets.
Je classe sous la dénomination de navet toute espèce de rave, qui, au lieu d’être plate par ses deux extrémités, est alongée ;… ainsi le navet que l’on sème avec & en même temps que les raves, dans les provinces déja citées, tient le premier rang. Il ne diffère des raves que par sa forme alongée, & en général, cuit sous la cendre il est moins sucré.
Cette famille de navets, que dans certaines provinces on appelle Raifort, renferme plusieurs variétés. Le gros navet dont on vient de parler est le turneps des anglois ; comparé avec les gros navets de France, il en diffère un peu par le vert de ses feuilles qui est plus clair, par ses feuilles plus nombreuses, plus droites & moins inclinées contre terre. Cette particularité est-elle constante ? je ne le crois pas ; parce qu’on doit observer que la graine nouvellement venue d’Angleterre n’avoit encore éprouvé aucune dégénération par les semis multipliés dans des sols ou dans des climats opposés. Je suis presqu’assuré qu’après un certain nombre d’années, le turneps anglois ne différera pas ici de nos gros navets.
La seconde variété est le navet des provinces méridionales, dont la grosseur n’excède pas un pouce ou un pouce & demi de diamètre, & dont la longueur se prolonge depuis 12 jusqu’à 15 pouces. Il est excessivement fort & âcre au goût ; c’est pourquoi il est très-recherché par les peuples qui aiment beaucoup l’ail.
Les navets dont on se sert dans les cuisines, pour les ragoûts, forment la troisième variété ou espèce jardinière (consultez ce mot) ; ils sont beaucoup plus petits, leur écorce est brune, presque noire dans certains cantons, & dans d’autres de