Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1789, tome 8.djvu/640

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

le doigt, comme il a été dit, ou avec un plantoir de même grosseur, coupé diamétralement pour que les trois grains qu’on y jette, en tombant au fond, puissent s’écarter les uns des autres : on couvre ensuite la couche avec des paillassons ou de la grande litière, jusqu’à ce que la graine commence à lever. Pour lors on retire la couverture, & on bâtit un petit treillage sur les deux bords de la couche à six pouces en dedans, & quatre pouces d’élévation, sur lequel on pose des paillassons pendant les nuits & les jours de mauvais temps ; on les charge encore de litière sèche, si le froid est rigoureux, en bouchant les côtés avec une bonne épaisseur de lisière. Lorsque malgré toutes ces précautions la gelée a pénétré, & que la rave est attaquée, on doit bien se garder de la découvrir pendant le soleil, ce qui la perdroit ; il faut la laisser dégeler peu à peu sous sa couverture, en retirant simplement la lisière qui fermoit les côtés, afin que l’air puisse y passer ; mais si le temps est adouci sans que le soleil paroisse, il faut mettre tout à l’air ».

« La rave semée à cette époque est ordinairement bonne à la fin de mars ou au commencement d’avril, & c’est la meilleure qui se mange ; car celles qui ont précédé ayant beaucoup souffert, n’ont pas à beaucoup près la même tendreté, ni le même goût, & celles qui suivent commencent à devenir trop fortes.

II. De la culture simple. Pour ne pas interrompre ce que dit l’auteur de l’École du jardin potager, je vais continuer son instruction, sauf à revenir ensuite aux travaux qui doivent avoir lieu dans les climats différens de ceux de Paris… » On continue en mars d’en semer qui sont bonnes en mai ; mais passe ce mois on n’en sème plus guère sur couche : on les mêle dans d’autres semis quand la terre s’y trouve propre, & on en sème de cette manière jusqu’au commencement de mai pour les manger en juin, & c’est de l’espèce commune qu’on se sert comme étant plus belle & plus profitable. Ce temps passé, on s’en trouve assez communément las, & on n’en sème plus ; cependant ceux qui les aiment à ne pouvoir s’en ennuyer, continuent d’en semer ; mais comme au plein soleil elles deviendroient trop piquantes, il faut les placer à l’ombre le long de quelques murs exposés au nord, où on aura fait porter un pied de terreau pour substituer à la même quantité de terre qu’on en aura ôtée, car la terre les rend dures & cordées dans cette saison. Si on n’a pas de murs disposés convenablement, on peut faire un abri avec des paillassons de cinq à six pieds de hauteur & semer les raves derrière, en les arrosant exactement tous les jours & observant de remplir la place de terreau.

Jusqu’en septembre, il n’y a plus que les gens déterminés à ne vouloir pas s’en passer, qui élèvent des deux premières espèces de raves ; mais on peut semer de la grosse qui ne durcit pas tant, pourvu néanmoins qu’elle soit journellement arrosée ».

« Le mois de septembre arrivé, on recommence d’en semer à force en pleine terre, où elles sont meilleures que sur couche ; & c’est toujours l’espèce commune qu’il faut préférer. On les sème fort clair ; elles en sont