Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1789, tome 8.djvu/639

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cessaires dans les temps de pluie, qui les fait rouiller, bien entendu qu’on les place de manière que les eaux s’écoulent dans les sentiers ».

« Ces raves de première semence sont ordinairement bonnes en janvier, pourvu qu’elles aient été bien soignées & réchauffées à propos, & que la saison n’ait pas été excessivement rude & contraire[1] ».

« Au mois de décembre, on en sème pour la seconde fois pour succéder aux premières, & celles-ci sont les plus difficiles à élever de toute l’année, car elles n’ont que de mauvais jours à passer : cependant à force de soins on parvient à les conserver, mais elles demandent la couche plus forte & beaucoup plus de couvertures & de réchauffement que les premières : il leur faut aussi un temps propre, son extrême rigueur ou sa trop grande douceur leur étant également contraire. Nous avons remarqué en 1746, que le mois de janvier & le commencement de février s’étant passés sans aucun froid, la rave s’épuisa en feuilles & ne fit point de navets ; la plupart des marêchers furent obligés de retourner leurs couches, sans en avoir tiré aucun profit ; mais comme ces cas n’arrivent pas souvent, on fait toujours cette seconde en décembre, & la rave se trouve bonne pour l’ordinaire en février ou au commencement de mars.»

« Ce que je viens de dire forme un contraste apparent avec ce qui est arrivé dans l’hiver de 1748, où nous avons vu assez communément des raves dans les mois de janvier & de février, qui ont été aussi doux que dans le plus beau printemps, à deux jours de gelée près ; mais si on avoit bien observé le temps, on auroit remarqué que le soleil s’étoit montré bien plus fréquemment dans cette dernière époque que dans la première dont j’ai déja parlé plus haut, & il ne faut pas douter que ce ne soit l’influence de cet astre qui ait produit cet effet contraire à l’autre… On ne sauroit donc être trop attentif à profiter des moindres rayons de soleil pour en faire jouir cette plante, & à son défaut il faut au moins lui donner de l’air tant qu’on peut ; car pour peu qu’elle demeure, étouffée sous les couvertures, elle s’étiole sans faire navet, ou elle périt tout-à-fait, ce qui revient au même ».

« Le troisième semis se fait en janvier, & il faut couvrir la graine avec les cloches aussitôt qu’on l’a mise en terre pour conserver la chaleur ; les couches doivent être encore plus fortes que dans les mois précédens, & soignées de la même manière. On sème pour la quatrième fois, au commencement de février, & pour lors on se dispense des cloches, la saison devenant plus favorable ; on diminue aussi le volume de la couche, & on sème en plein ; la semence est espacée de deux à trois pouces ; si on veut donner un air de propreté à la couche après qu’elle a été bien dressée, on tend un cordeau d’un bout à l’autre, qu’on frotte avec de la chaux, & cette chaux appliquée sur le terreau dans les distances qu’on juge à propos, forme des lignes droites pour régler les trous qu’on fait. On fait ceci avec

  1. Voyez l’article couche, comment on l’arrange, & ce qu’on appelleréchaux.