mandent des modifications dans leur culture. Il est rare que dans celles du nord & du centre on puisse semer avant les grandes gelées de janvier ; elles se prolongent souvent avec autant de force pendant le mois de février : c’est donc la manière d’être de ces mois qui décide les semis. Si le jardinier est soigneux, vigilant, s’il appartient à un maître qui ne craigne pas la dépense, il fera très-bien de suivre les méthodes des environs de Paris, parce que la perte ne sera pas pour son compte ; mais au contraire s’il travaille pour lui, il est assuré que sur dix années, il perdra pendant cinq le fruit de ses peines, & la vente de leur produit le dédommagera bien peu. Pour réussir, il choisit un abri formé par un mur en plein midi, & contre ce mur il accumule du sable mêlé avec une terre très-douce & du fumier réduit en terreau. Il en dispose la totalité en l’inclinant sur l’angle de 45 à 50 degrés, de manière que cette terre présente cette forme
aa représente le mur, bb l’inclinaison de la terre. Au moyen de cette forme, les rayons très-obliques du soleil pendant cette saison, & par conséquent peu susceptibles de produire la chaleur, sont redressés, agissent plus perpendiculairement sur le sol & l’échauffent davantage (consultez le mot Châssis) ; des planches ou de la paille longue, ou des paillassons dans les pays où on les çonnoît, servent à garantir le tout des fraîcheurs de la nuit & du mauvais temps pendant le jour. Si on s’est hâté de semer, si le froid détruit les semis, on en est quitte pour bouleverser la terre, la disposer comme auparavant, & semer de nouveau. Par ce procédé, on est sûr d’avoir quinze jours plutôt des radis & petites raves que si on avoit simplement semé à plat & le long du mur. Cette manière de semer n’est utile que lorsque l’on travaille à se procurer des primeurs. En mars & en avril, l’exposition seroit trop chaude, & les radis & petites raves deviendroient fortes & âcres. Le fumier est ce qu’il y a de plus rare & de plus cher dans les provinces, & par conséquent le terreau, qui en est le produit, l’est également. C’est donc par le mélange du sable fin qu’il faut donner de la mobilité à la terre. Tout sol compact & tenace nuit autant à la végétation de ces racines qu’à leur saveur. Si on peut se procurer un amas de feuilles, on aura une espèce de terreau qui a son mérite. Un lit de feuilles & un lit de terre douce que l’on laisse fermenter ensemble pendant une année ou deux, fournira le terreau dont on a besoin. D’ailleurs les balayures des maisons, le ratissage des cours & basse-cours, enfin des gazonnées bien pourries produiront le même effet.
Dans les provinces méridionales, c’est-à-dire dans tous les climats où le froid ordinaire n’est que de trois à quatre degrés, & encore qui dure peu de jours, on peut semer depuis septembre jusqu’en avril les radis & les raiforts, en se conformant aux précautions indiquées ci-dessus, lorsque la rigueur de la saison l’exige. Il est inutile de songer à cette culture pendant l’été, parce, qu’on