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Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1789, tome 8.djvu/646

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peu les gelées, à moins qu’elles ne soient très-fortes. Je préférerois, toutes circonstances égales, les semis faits après la récolte des blés, parce que la plante reste plus long-temps en terre, y prend plus de nourriture, plus d’empâtement dans ses racines, & elle a beaucoup plus de force lorsqu’elle monte en tige au printems suivant ; dès lors beaucoup plus de graines & mieux nourries. Il en est de cette plante comme des blés hivernaux, comparés aux marsais ou blés trémois.

Si l’on destine le champ de navette à être engraissé par cette plante lorsque la charrue l’enfouira, ainsi qu’il a été dit ci-dessus, ou bien si ce champ doit produire du pâturage, on peut semer à la volée, ayant soin de mêler la graine avec du sable ou de la cendre lorsqu’on la répand, afin qu’elle ne soit pas semée trop épais. Si au contraire le but du propriétaire est d’avoir une récolte d’huile, on doit semer en sillons, & encore mieux de la manière employée par le propriétaire instruit dont j’ai parlé. Si le sol est maigre, il convient de l’enrichir par du fumier ; lorsque le temps sera venu, on sarclera le champ ainsi qu’il a été dit.

En Angleterre & en plusieurs autres endroits, la coutume commence à s’introduire de replanter la navette comme le colsat ; cette méthode est très-bonne ; elle suppose que l’opération a lieu pendant que la terre est humide ou que le temps est disposé à la pluie. Au reste, la culture de la navette est semblable à celle du colsat. (article à lire afin d’éviter ici les répétitions) On estime qu’une livre de graine (poids de marc) suffit pour ensemencer vingt-deux toises quarrées ; mais si on replante, cette quantité suffira pour le triple de terrain.

L’époque de la maturité de la navette, tient au climat & à la saison. La saison ne la devance pour l’ordinaire ou ne la retarde que de quelques jours ; on choisit un temps beau & sec pour couper les tiges, mais on n’attend pas la complète maturité de toutes les gousses ; les supérieures ne sont mûres que long-temps âpres les inférieures, & si on l’attendoit, les inférieures se dégraderoient. Il vaudroit beaucoup mieux, après la fleuraison, retrancher le sommet des tiges qui devient comme inutile & qui absorbe en pure perte une partie de la sève dont les gousses inférieures auroient profité.

De grandes toiles ou draps reçoivent les tiges à mesure qu’on les coupe ou qu’on les arrache de terre, & on les porte ensuite sur l’aire ou sous des hangards dans la métairie. Là le tout est amoncelé afin que les graines du sommet achèvent leur maturité. J’aimerois beaucoup mieux les laisser étendues sur l’aire ou sous le hangard, parce que cet amoncellement produit la fermentation dans les parties qui ne sont pas mûres, & cette fermentation gagne du plus au moins la totalité du monceau. On doit observer que ces graines sont encore bien plus émulsives qu’huileuses, & que celles qui ne sont pas bien sèches ne sont qu’émulsives. L’expérience a prouvé que lorsque la fermentation gagne la partie émulsive, c’est toujours aux dépens de la qualité, & sur-tout de la quantité de l’huile. C’est d’après ce principe que je conseille la suppression de la partie supérieure des tiges après la fleuraison… Si on ne veut pas suivre cette méthode, voici un procédé qui