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occupe les parties charnues, revient moins périodiquement, & attaque plutôt les personnes sanguines & robustes que les vieillards. C’est aussi d’après ces considérations qu’on doit agir & employer un traitement différent de celui de la goutte.

On distingue plusieurs sortes de rhumatismes. Il est universel lorsqu’il attaque toutes les parties du corps ; il est particulier lorsqu’il n’en affecte que quelques-unes.

Le rhumatisme est avec fièvre ou sans fièvre. On connoît celui qui est avec fièvre sous le nom de rhumatisme aigu ; celui qui est sans fièvre est appelé rhumatisme chronique. Le rhumatisme prend encore différens noms, relativement aux parties qu’il occupe. On l’appelle vulgairement torticolis lorsqu’il se fixe sur les muscles du cou ; lumbago, s’il établit son siège sur les lombes ; & sciatique, s’il se jette sur la hanche & la cuisse & dans la gaine du nerf sciatique,

Le rhumatisme aigu est toujours accompagné de symptômes très douloureux. En premier lieu, ceux qui en sont atteints, éprouvent des mal-aises, des alternatives de froid & de chaud ; quelquefois des tremblemens auxquels succèdent un pouls vif, serré, tendu, & une chaleur très-forte, Ils souffrent, la nuit & le jour, des douleurs cruelles dans différentes parties du corps, qui augmentent au moindre mouvement qu’ils veulent faire. Il survient quelquefois une transpiration abondante qui les soulage infiniment, mais leurs douleurs deviennent beaucoup plus vives pour peu qu’ils se refroidissent.

Le sang des rhumatiques est presque toujours infecté d’une couenne épaisse qu’on ne doit pas toujours aussi regarder comme la cause matérielle du rhumatisme aigu ; elle n’est pas l’annonce d’une inflammation dans le sang, puisque M. de Haen l’a observée chez les femmes enceintes & même chez des personnes saines sur lesquelles on fait une forte compression avant la saignée.

Le rhumatisme aigu n’a point un caractère fixe & constant. Le plus ordinairement il est vague § mobile ; du genou il va au pied, aux hanches, aux reins, aux épaules & à d’autres parties ; quelquefois une partie se dégage tout-à-fait quand l’autre est attaquée.

Tissot regarde la transpiration arrêtée & l’épaississement inflammatoire du sang comme les causes les plus ordinaires du rhumatisme. Cullen considérant aussi pour cause générale la construction des fibres, occasionnée par le froid, explique d’une manière très-ingénieuse les retours des douleurs rhumatismales, aux approches du printemps & de l’automne. Il dit que, pendant l’hiver, les solides plus retirés par le froid, se trouvent distendus aux approches des chaleurs par la raréfaction du sang. En automne, au contraire, le sang qui avoit été raréfié au plus haut point par les grandes chaleurs de l’été, se trouve brusquement condensé par la fraîcheur de cette saison. Dans l’un & dans l’autre cas, il s’excite un mouvement violent qui change & intercepte d’une manière douloureuse les mouvemens auxquels la nature s’étoit habituée dans les deux saisons qui ont précédé ; de même que si on expose une plaie ou un ulcère à un excès de froid ou de chaleur, il s’y excitera une douleur bien plus violente que celle de l’état habituel.