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Le rhumatisme aigu reconnoît encore une infinité d’autres causes. Une bile âcre & trop abondante dans le corps, la pléthore vraie ou fausse, la répercussion de quelque dartre ou de toute autre affection cutanée ; la suppression de quelque flux habituel, tel que les règles chez les femmes, & le flux hémorroïdal chez les hommes, peuvent lui donner naissance.

Il est souvent excité par l’intempérance, par les veilles immodérées, par un excès dans les plaisirs de l’amour, par l’usage assidu des viandes fumées, salées, & de très-haut goût. Il peut dépendre d’un exercice trop fort, d’un travail d’esprit trop assidu, d’une marche pénible, fatigante & trop long-temps soutenue, des vives passions de l’ame.

Les personnes vives, sanguines, & pléthoriques, sont très-sujettes à cette maladie : celles qui sont bilieuses n’en sont point à l’abri. Ordinairement elle exerce toute sa cruauté à un âge fait, à un âge mûr. Mais M. Leroy a fort bien observé qu’elle n’épargnoit point l’enfance, & il a vu des sujets de douze ou treize ans en être attaqués.

Le rhumatisme aigu se termine presque toujours au quatorzième jour ; il est rare qu’il aille jusqu’au vingt unième ou au trente-unième. Pour l’ordinaire, il n’est pas dangereux, à moins que, par un mauvais régime, ou une mauvaise conduite, on ne donne lieu au transport de la matière morbifique vers quelque viscère essentiel à la vie, d’où il peut résulter des accidens très-graves, qui jettent les malades dans le plus grand danger.

Le rhumatisme chronique est presque toujours sans fièvre, & attaque de préférence les vieillards & autres personnes foibles & énervées. Les douleurs qui l’accompagnent sont beaucoup plus supportables, parce qu’elles sont moins vives & moins aiguës. Cette espèce de rhumatisme est vague, & devient même incurable s’il est opiniâtre. Le défaut de mouvement, les mauvaises digestions qui en résultent, la stagnation & la congestion des humeurs dans certaines parties, déterminent, à la longue, une fièvre lente, qui mine & consume peu à peu les malades.

Tissot a observé que la nature guérit quelquefois le rhumatisme par des dépôts qui se forment aux jambes, & par une espèce de gale. Il faut bien se donner de garde de les répercuter. Ils sont toujours un moyen sûr, par lequel la nature s’épure & se débarrasse. Après avoir saigné autant de fois que la violence de la fluxion, le catarrhe inflammatoire & les forces du malade le demandent, Rast pense qu’il suffit d’ordonner un régime sévère, en donnant de temps en temps quelques laxatifs. La diète doit être tenue ; on se contentera des bouillons de veau très-légers, du petit lait, d’une grande boisson dans des sujets très-irritables.

Après un rhumatisme violent, on évitera tout ce qui peut donner lieu à un nouvel accès, sur-tout la suppression de transpiration & l’exposition à l’air froid. Mais comme il est très-rare que la nature opère toute seule la guérison du rhumatisme, il faut alors avoir en vûe les indications suivantes ; elles se réduisent 1°. à diminuer la plénitude des humeurs